Qu’elle le méritait son Oscar, Renée Zellweger, n’en déplaise à Télérama. Rien qu’à voir les yeux humides dans la salle pendant son chant du cygne, le célébrissime Over The Rainbow que l’actrice anglaise interprète elle-même, on est saisi par l’émotion de cette voix qui se brise, de cette femme à terre qui « n’y arrive plus ». Y arriver, ce serait être une résiliente après avoir vécu dans son adolescence la gloire mais au prix de toutes les privations possibles: l’amour, la nourriture, le sommeil. Car il ne fallait pas que la petite fiancée de l’Amérique, glorifiée par Le Magicien d’Oz ne soit pas fidèle à ce que voulait en faire le producteur Louis B. Mayer. « Tu veux finir caissière, comme toutes les autres? » lui martèle-t’il. pour devenir une légende, Judy Garland va accepter les coupe-faim, les amphétamines puis les somnifères pour essayer de trouver le sommeil. « Vous avez pris des antidépresseurs? » lui demande un docteur. Et Judy de répondre : « Quatre maris, ça n’a pas marché! ». Car la comédienne avait de la répartie, une vraie Arletty américaine, que l’on suit dans sa dernière année, obligée à 47 ans de cachetonner à Londres pour espérer récupérer ses deux enfants. Une mère qui se bat, seule, et qui tient grâce à l’alcool. Une mère qui n’a jamais pu être une petite fille et se permet d’être enfin capricieuse. « Mère courage » pourrait-on retitrer ce biopic qui raconte un destin de star mais aussi de femme, brisée par la dureté de la vie. Et fragile, si fragile.
AW