Après dix sept ans de sacre, Alain Terzian, président des César vient de tomber. La chute d’un incontournable du 7eme art français ce vendredi 14 février 2020 a été éclipsé par le GrivauxGate (là aussi, une « ambulance »). Dommage car la chose est remarquable; c’est en effet un abus de position dominante qui s’achève dans un milieu où, à l’image du sport, l’omerta règne. Pour preuve, il y a deux ans, JimlePariser avait publié un article à charge sur le fonctionnement opaque de l’Académie des César et la main mise d’Alain Terzian sur la cérémonie; main mise- et des plus leste- selon nos informations à l’époque-lire article. A l’époque, aucune jeune actrice, forcément muette face à un homme qui pouvait les nommer « Espoir de l’année », boosteur évident d’une carrière, n’avait témoigné, malgré un début de journalisme collaboratif avec une journaliste d’une importante chaine de télévision hertzienne. Oui, mais voilà, pour elle aussi, se mettre à dos un moghul du cinéma, cela pouvait avoir des conséquences, à l’image d’un journaliste du quotidien l’Equipe qui « balancerait » sur, tiens par exemple, le tout puissant patron de la Fédération française du patinage, Didier Gailhaguet…
Démission expresse à deux semaines de la cérémonie
Heureusement, c’était sans compter sur la tribune signée par 400 professionnels du cinéma dont des « poids lourds » – Nicole Garcia, Cédric Klapish, Agnès Jaoui, Omar Sy, Bertrand Tavernier entres autres- qui a, ce mardi, dénoncé le cooptage, l’âge vieillissant et l’opacité qui régne dans l’Académie des César, à fortiori avec pour cette 45 ème édition, les douze nominations pour le film J’accuse de Roman Polanski. Douze nominations comme les douze plaintes pour viol et harcèlement sexuel à l’encontre du réalisateur polonais, actuellement sous mandat d’arrêt aux Etats-Unis. « Les César ne sont pas le lieu où l’on juge de la moralité » avait répondu en janvier dernier Alain Terzian. A la question « En tant que producteur incontournable depuis quarante ans, avez-vous été toujours irréprochable avec les femmes? » qui lui était posée par Sebastien Joly dans le Journal du Dimanche du 9 février dernier, le président des César répondait « Parfaitement ». Pas sûr que cette affirmation tienne dans les prochaines semaines avec plusieurs enquêtes en cours de Médiapart et le Magazine M. D’ici le 28 février prochain, date de la cérémonie en direct de la Salle Pleyel où des nommés pourraient briller par leur absence, nous verrons si certaines osent, comme ce fut le cas avec #Metoo aux Etats-Unis contre Harvey Weinstein, « tirer sur l’ambulance »…
LM