Il est 20 heures 30 ce mardi 30 janvier salle Pleyel lorsque l’armée d’abeilles-ouvreuses, en rayures marine et blanc ressemblant à des petits marins, achèvent de placer le public pour la première de la chanteuse Camille; son grand retour depuis six années d’absence après son dernier album Ilo Veyou (titre anagramme de I love you). En première partie, la chanteuse aux pieds nus avait invité un jeune chanteur, Sage, chantant en anglais seul à la guitare-une vraie découverte qui se produira dans une salle « 27 fois…plus petite » le 15 février, à l’hôtel particulier Le Carmen, dans le 9ème arrondissement-on vous le recommande. Mais revenons à la vedette de ce soir-là; la salle est archi complète, des enfants accompagnent leur parents pour découvrir des voilages bleu pâle tels des voiles de voilier suspendus et une lune qui devient un tambour. Camille les aime plus que jamais comme son dernier album Ouï sorti en juin 2017 en témoigne. Après la mort de son père adoré Hervé Dalmais, survenu en même temps que sa grossesse, celui -ci est un hommage à la vie que son père (mort à 60 ans en 2013 d’un « cancer décelé trop tard ») qualifiait de « si belle à traverser, mais parfois si lourde à porter qu’on songerait presque à s’en aller… ». Celui-ci avait grandi en Afrique et était devenu dans sa jeunesse batteur d’un groupe au Cameroun. Ses parents l’ayant découragé de « faire carrière dans la musique », il s’était orienté vers les lettres; il en était devenu professeur mais il avait transmis à ses deux enfants, Camille et son frère Simon, le goût de la musique et de l’Afrique. Simon est ainsi devenu, lui aussi, un talentueux chanteur –lire notre article, publié en 2011.
De la mort, de la naissance
Camille rend ainsi hommage à son père avec Fille à papa : »Lentement je suis devenue grande Et je viens à toi dans un roulement de hanches À mon arrivée un animal étrange Dépose un collier de perles sur mes tempes Fille à papa, fille à papa, fille à papa Fille là-haut ta fille ici-bas Est devenue femme papa Fille à papa Veilles sur les flammes papa Fille à papa Un à un dans les allées du temple Je salue les arbres qui s’épanchent À mon départ un souffle dans les branches Dépose un baiser, balaie tes cendres Fille à papa, fille à papa, fille à papa Fille là-haut ta fille ici-bas Est devenue femme papa Fille là-haut ta fille ici-bas Veilles sur les flammes papa Fille à papa Tu m’élèves Je t’élève Tu t’élèves Je me lève Fille à papa, fille à papa, fille à papa » chantée dans la première heure du concert tout comme Fontaine de lait, une chanson où elle parle de sa maternité :« Et voilà que je fais une fontaine de lui, et voilà que je suis une fontaine de lait », ainsi que d’autres titres de son nouvel album dont le single Seeds qui a tourné en boucle sur toutes les bonnes radios depuis juin 2017. 21 heures, elle chante la reprise de Too drunk to fuck des DeadKennedys puis fait monter sur scène des volontaires pour une bourrée à quatre temps. « Je vous fais un tuto pour vous montrer comment hurler comme un loup » s’adresse-t’elle ensuite à son public conquis. Le concert finira avec la salle debout, à essayer l’imiter dans ses déhanchements africains pour les reprises de Allez, Allez, Allez ou de Ta douleur avant qu’elle ne quitte la scène sur Tout dit chantée a capella, sa voix devenant une flûte. Un petit voile rouge reste dans l’air en suspend, c’était Camille à Pleyel.
Par Laetitia Monsacré
Toute la salle Pleyel est debout pour bisser Camille
La chanson Seeds, rythmée par les tambours de son dernier album Ouï
Fontaine de lait, chanson sur la récente maternité de Camille
Tout dit, par « the wonderful Cammile »