3 février 2017
Lohengrin, Wagner délicieusement accessible

Il est toujours dangereux de sauver la vie de celui qui vous en est par la suite redevable. Le chevalier Lohengrin l’apprendra à ses dépens à l’issue de trois heures et demie sous la baguette impérative de Philippe Jordan dans l’opéra sans doute le plus accessible de Wagner, prélude à la legende du Graal et du mythique Wotan. Fils de Parsifal, ce que l’on apprendra qu’à la fin, Lohengrin dont l’identité doit être tenue secrète devra affronter le couple terrible de Telramund et sa femme Ortrud- une lady Macbeth allemande. Opéra très nationaliste louant le peuple allemand-on comprend pourquoi Wagner plaisait tant à Hitler, c’est aussi une ode à l’amour comme lors du 3ème acte où résonne la marche nuptiale avec des coeurs- superbes dans cette production et particulièrement présents tout au long du livret- et le duo entre Lohengrin- « Mes yeux te voient, mon coeur te comprend » et la pure Elsa, tout de blanc vêtue. Seconde distribution après le très acclamé Jonas Kauffman dans le rôle titre, la soirée réunissait le ténor australien  Stuart Skelton, assez gauche dans ses mouvements d’autant que la mise en scène de Claude Guth, par ailleurs magnifique, fait de lui un homme pied nus, souvent à terre, plein d’hésitations, bien loin de l’image du chevalier providentiel venu sauver l’héritière du royaume. Le décor de Christian Schmidt avec ses troncs d’arbres qui s’élèvent et la végétation sauvage qui pousse au milieu de ce patio austère, sublimement illuminé par Olaf Winter sont un bonheur visuel que le plateau vocal sert à merveille tout comme la précision et la passion de Philippe Jordan, lequel confirme définitivement qu’il est un chef d’orchestre d’exception.

LM

Lohengrin, à l’Opéra Bastille jusqu’au 18 février 2017

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