En ce mois de novembre, les prix littéraires continuent de pleuvoir avec, avant la remise du plus tardif, le Goncourt de Lycéens le 17 novembre, un palmarès 2016 qui a beaucoup prêté aux riches…Yasmina Reza pour le Renaudot, Serge Joncour pour l’Interallié, sans doute ces deux auteurs n’avaient-ils pas besoin d’un prix pour vendre leurs livres avec ce doublé gagnant pour Flammarion. Grand oublié, Gaël Faye et Grasset qui peut néanmoins se consoler avec Le dernier des nôtres d’Adélaide de Clermont Tonnerre qui a obtenu le prix de l’Académie Française. Sa bluette entre une riche héritière et un jeune promoteur immobilier dans le Manhattan des années 70 avec des aller-retours sur les drames liés à la seconde guerre mondiale entre bombardements de Dresde et camps de concentration fait pourtant l’effet d’un scénario de téléfilm; que les académiciens honorent un page turner aussi inconsistant est des plus déconcertants.
Chanson Douce est quant à lui un « petit » Goncourt avec un style enlevé mais une histoire qui est oubliée dès le livre refermé, à moins que vous ne soyez à la recherche d’une baby sitter ce qui pourrait vous donner quelques cauchemars. Tout comme dans L’autre que l’on adorait de Catherine Cusset, le premier chapitre annule tout suspens; la mort a gagné, on tente de raconter ensuite comment les personnages en sont arrivés là. Et ainsi de Thomas, jeune professeur installé aux Etats-Unis de se mettre un sac en plastique sur la tête, ce que fait également le père et le fils chez Jean Paul Dubois qui, avec La Succession, offre également un roman qui finit mal mais au style envoûtant ce qui fait de lui un des grand oubliés des prix littéraires malgré une critique élogieuse. Prix Médicis, Ivan Jablowski s’est également penché sur toute la noirceur humaine avec Laetitia, qui s’inspirant d’un fait divers, se situe entre fiction et réel avec une amplitude certaine. Le prix de Flore a été lui décerné dans une ambiance électrique de DJ accompagnant toute la bande de Frédéric Beigbeger au café de Flore où les convives pouvaient attraper au milieu de la foule huitres, saumon fumé et camembert en apprenant à la dérobée que c’est Nina Yargekov pour son roman Double nationalité qui l’a emporté; un pavé de 686 pages paru chez P.O.L. Le récit d’une femme frappée d’amnésie autour de la difficulté d’être soi-même quand, comme tout le monde lorsque l’ on se sent double sur fond de renouveau fasciste en Europe. Autant de lectures bien sombres pour cet hiver qui s’installe et le résultat des urnes qui ne manque pas de le confirmer.
AW