« Ça n’est plus ma fille, c’est un fantôme ». Dans la salle, des pères, des mères s’expriment pour dire l’inconcevable; comment leurs filles ont été conditionnées et enlevées de leur propre gré pour devenir des combattantes de Daesh. Comment cela peut arriver à n’importe laquelle, même aimée, même privilégiée au détour d’un profil Facebook comme celui de cet homme avec une photo de lion et son pseudo: épris de liberté. Cela commence par des sms, par des vidéos dénonçant les complots, montrant les enfants palestiniens suppliciés sous les bombes israéliennes ou argumentant que « Bachar El assad a gazé son peuple et vous n’avez rien fait ». Et puis, peu à peu, pour cette jolie rousse qui n’en peut plus de notre société « adopte un mec », cela va aller vers la prière, le port du niquab dans sa chambre et bientôt le départ pour la Syrie. Sa mère jouée par Clothilde Coureau n’a rien vu venir; Sandrine Bonnaire aura plus de chance: sa fille s’est évanouie à l’aéroport. Commence une lente desintoxication pour sortir de sa tête des phrases telles que « nous aimons plus la mort que vous aimez la vie », cloitrée dans sa chambre, sans internet, sans portable. La réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar a fait un formidable travail de recherche, rencontré des parents afin de montrer comment ces filles qui s’envolent vers la Syrie ou sont prêtes à commettre des attentats perdent leur discernement, deviennent des soldates amoureuses d’un homme qui donne à coup de sms et de facetime un sens à leur vie dans cette période de l’adolescence où tant d’elles se cherchent. Et pensent se trouver avec les drames familiaux et humains que cela ne manque pas de créer.
AW