Avec l’arrivée d’Elise Lucet, la « madame qui pose les questions qui fâchent jusqu’à ce qu’on lui réponde » et son équipe de reporters-enquêteurs qui donnent leur titre de noblesse à notre profession, Envoyé spécial redevient un magazine de premier ordre à découvrir en prime time le jeudi sur France 2. Pour ce premier numéro, la voilà avec son décor container devant la gare de Bretigny sur Orge pour dénoncer le mauvais entretien des voies SNCF ou comment Bygmalion a créé des fausses factures pour ne pas dépasser le plafond autorisé par la campagne présidentielle soit 20 millions d’euros que le candidat cependant malheureux, Nicolas Sarkozy a largement dépassé à coup de meetings grandiloquents. « A ce prix-là, on ne se serait même pas déplacé », les prestataires de services à l’image de ce musicien, ami de Carla, qui aurait créé la musique d’entrée de Sarkozy à ses meeting (il montre pourtant une facture de plus de 80 000 euros) soit-disant gratuitement sont unanimes, les montants déclarés ont été systématiquement minorés. Un des principaux acteurs de la campagne, Franck Attal qui organisait les meetings accuse lui aussi, en ajoutant « J’aimerai être aujourd’hui confronté à Nicolas Sarkozy, que l’on s’explique ». Car rien n’était trop beau comme ce meeting de Villepinte à la Trump qui aurait coûté la bagatelle de 5 millions d’euros. Et d’ajouter qu’« il est impensable que Sarkozy n’ait rien su… ». Séquence émotion ensuite avec ce photographe grec Aris Mesonis, Visa d’or au dernier festival Visa pour l’image de Perpignan qui a passé des mois aux côtés des migrants dans l’île de Lesbos; des familles qui « ont fui un pays en guerre pour vivre et qui meurent dans un pays en paix » et qu’il n’a pas hésité à aider, lui-même père et heureux d’apprendre à ses enfants fort de son expérience auprès des enfants réfugiés que « le bonheur ne dépend pas d’un objet ». Enfin, l’émission s’est fini par un reportage édifiant et formidablement documenté de Zoé de Bussière sur notre Zizou national. « La victoire le protège et fait de lui un intouchable ». Même lorsqu’il abous s’être dopé ou donne un coup de boule-quatorze cartons rouges dans sa carrière, capable de péter les plombs à l’image de ses frères qui, restés dans les quartiers nord de Marseille n’hésitant pas à menacer le journaliste du Monde pour avoir révélé son usage de créatine. Sa fortune est aujourd’hui de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros entre sponsoring débridé d’Adidas à Leader Price et de soutien à la candidature du Quatar, dictature où les ouvriers meurent quotidiennement sur les chantiers et où il fait 50 °.