26 septembre 2016
Gabriel Faye, il était une fois la guerre

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C’est la très belle surprise de la rentrée. Un premier roman écrit en trois mois car n’attendant que de jaillir. Le juré du Goncourt ne s’y est pas trompé en mettant dans sa première liste de nommés, Petit Pays, ou comment la guerre au Burundi a créé autant de déracinés qui sont venus vivre en France car leur nez était trop fin. Elite au Burundi comme au Rwanda, les tutsis ont été victimes en 1994 d’un génocide implacable, décimés à la machette par leurs voisins dans un climat de haine inimaginable. « Je n’habite plus nulle part, je ne fais que passer » écrit au début de son récit le narrateur, installé à Paris et empli de nostalgie de son enfance heureuse, entre les copains de l’impasse et les domestiques. Car, Gabriel a grandi du côté des nantis à Bujumbura avant de voir ses parents, un couple franco-rwandais se séparer et sa mère, dont les jambes mettaient « des flèches dans le regard des femmes et des persiennes dans celui des hommes » devenir folle en retrouvant les cadavres de sa familles à Kigali. Il décrit le temps de l’insouciance. Le style est ample et simple, la petite histoire rejoint la grande et l’émotion gagne devant ce gâchis qui poussent tant d’hommes et de femmes à un exil sans retour possible. De quoi comprendre les réfugiés grâce à la littérature…

AW

Petit Pays de Gabriel Faye, publié chez Grasset, 18 euros

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