« Même sous les bombardements en Syrie, c’était mieux ». Nul doute qu’ils ne l’imaginaient pas comme cela le pays des droits de l’homme, ces milliers de réfugiés qui sont, depuis cette semaine, délogés de la partie sud de la jungle de Calais, le plus grand bidonville d’Europe, non loin du port qu’ils avaient aménagé avec l’aide de bénévoles et diverses associations et ONG; plus de deux hectares boueux où s’entassaient des cabanes, des tentes mais où avaient également vu jour une école, un théâtre, une église, une mosquée et même un restaurant afghan. Le néant-certains dorment depuis le début de la semaine à même le sol sans abri ni couverture- en réponse à la précarité pour ces Syriens, Afghans, et autres migrants qui n’attendent rien d’autre de la France que de pouvoir la quitter, pour aller en face, en Angleterre.
Crise humanitaire et crise économique
Il faut dire que la région est en crise avec un taux de chômage à 15,9 %, comme l’a rappelé le quotidien Libération dans une édition des plus complètes consacrée à Calais et cette jungle, semblable à une zone de guerre en plein Hexagone. Entre SeaFrance qui a été sacrifié par Eurotunnel sous pression des Anglais ou des entreprises traditionnelles dans la dentelle condamnées à la liquidation suite à de vertigineuses indemnités-un million d’euros- à verser à des employés qui ont contesté que leur licenciement n’était pas économique-de quoi abonder dans le sens de la loi travail- Calais semble ne plus rien avoir à offrir, aux migrants comme aux locaux. « Si la guerre en Syrie s’arrête, 100 % de nous repartiraient. » En attendant, 1500 d’entre eux ont été dirigés vers un centre d’accueil en dur et sans contrôle d’identité près de Dunkerque financé par MSF et la ville de Grande Synthe grâce à Damien Carême, son maire écolo, sans aucune aide de l’Etat. Il est certain que la France, sixième puissance économique mondiale confirme ainsi qu’elle n’a à ce jour aucune politique digne de ce nom en ce qui concerne les milliers de migrants qui vont continuer à affluer dans une Europe qui ne se révèle une terre de plus en plus hostile.
LM