« Le vin, le théâtre, les femmes ». Telle fut la troïka plutôt séduisante que Michel Galabru affirmait avoir dans sa vie. Il n’a ainsi pas joué les prolongations après la mort de sa femme cet été, après plus de quarante ans de vie commune, cela même pour le théâtre et sa pièce autobiographique Cancre, quittant la scène en ce mois de janvier 2016 à l’âge plus qu’honorable de 93 ans. Une carrière commencée à 28 ans à la Comédie Française, après un premier Prix du Conservatoire; un seul César la couronnera en 1977 avec Le Juge et l’Assassin, magnifique film de Bertrand Tavernier qu’Arte toujours aussi inspirée, diffusera ce mercredi soir. Pour le Molière, ce sera près de trente ans plus tard pour la pièce de Daniel Colas, Les Chaussettes opus 124.
De quoi faire de l’humilité son amie, n’hésitant jamais à se comparer aux plus grands:« J’ai été mis dehors de sept écoles différentes. Remarquez, Guitry a été viré douze fois. Ça prouve bien qu’il avait plus de talent que moi. ». Théâtre de boulevard, films alimentaires, Galabru avait une certaine lucidité sur la carrière d’acteur avant de finir par avoir sur le tard de magnifiques pièces comme Jules et Marcel, née de la correspondance étincelante entre le grand Jules Raimu qu’il incarnait, face à Philippe Caubère en Marcel Pagnol, donnée en 2009 au Théâtre Hébertot. « Sépares-toi de tes amis qui te courtisent tant que lorsque tu pétes, ils te disent que tu sens la fleur d’oranger! ». Galabru avait trouvé dans le grand Raimu (auquel il succéda comme rôle titre dans la Femme du Boulanger) son alter-égo, tantôt bougon, tantôt cabotin et offrit à ceux qui le virent sur scène de ces souvenirs que l’on oublie pas. Pour les téléspectateurs, il restera un gendarme de Saint Tropez , le papy résistant de Jean-Marie Poiré ou le père maladroit d’Isabelle Adjani dans L’été meurtrier. Plus recemment, il fut lui-même avec Bertrand Blier dans Les acteurs et dans Hors jeu de Karim Dridi avant d’être sénateur dans Neuilly sa mère ou Ministre de l’Education du Petit Nicolas en 2009. Plus de 250 films au total pour un gourmand de la vie et un immense acteur. On appelle cela une carrière.
LM