30 décembre 2015
La planète et moi

 

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Tout juste un mois après la fin de la COP21, les pays riches trinquent à leur tour de ce réchauffement climatique que leur sur-industrialisation et leur morale TPMG- Tout pour ma gueule-imposent aux pays pauvres de la planète. York en Grande Bretagne est sous les eaux, le pudding de ses habitants aussi; le Texas est frappé par les pires tornades qu’il ait jamais connu, les massifs des Pyrénées sont en feu, les stations de ski françaises fabriquent de la neige et Pékin agonise de pollution tout comme Milan, interdit de voiture. Sur l’Océan, cela ne va guère mieux avec le navigateur Franck Camas qui au cours de son tour du Monde vient de croiser un iceberg de 700 mètres de long dans des eaux pourtant chaudes. Bref, rien ne va plus pour finir cette année historiquement la plus chaude depuis le début du XX ème siècle. De quoi confirmer que quelque chose ne va pas aux plus sceptiques.

Une vertèbre déplacée, deux couronnes dentaires cassées

En ce qui me concerne, si la planète a fait un score inférieur à la police- lire notre précédente Une-suite à cette COP21 qui n’a mobilisé personne à part les médias et les gendarmes, c’est le dos bloqué que je finis 2015.  Le gentil policier qui m’a mise à terre devant des témoins effarés devant le Drugstore Publicis m’a déplacé la 5ème lombaire, provoquant une sciatique à faire pleurer de douleur qui m’a conduite aux urgences le week-end précédent Noël. Le lundi d’avant, j’avais été entendue en audition libre pour donner ma version des faits au commissariat du 16ème arrondissement. Ma jambe était douloureuse mais sans plus et c’est pendant deux heures, assise dans un bureau vétuste comme tout le bâtiment que j’ai donné ma version des faits à une policière tapant sur un vieil ordinateur mon audition. « C’est rare que cela concorde autant avec la version du policier » m’a -t’elle alors dit.

Probable classement sans suite du Parquet

A deux exceptions-notables-près: le policier avait cru bon de se justifier au cours de sa déposition en disant que « j’haranguais la foule »– j’avais pourtant mon casque de scooter dans une main, mon Iphone pour prendre des photos dans l’autre- pas vraiment le profil de Che Guevara et que c’est moi qui m’étais jetée à terre! Bien sûr,  le pavé parisien est si tentant, surtout couvert de la peinture jaune de Greenpeace…« Ce sera sans doute classé sans suite par le Parquet » a-t’elle conclu, avant que je ne sois prise en photo plus empreintes, le doigt abimé par le policier manquant sur le fiche. « On a vu celui qui vous a fait ça, il avait pas l’air très malin » a finit par lâcher un des policiers présents. Pas très malin c’est sûr, vu que les deux couronnes dentaires qu’il m’a cassées vont me coûter environ 2000 euros dans mon quartier de riches. Plus l’anti-douleur à base de morphine et autres médicaments prescrits ou encore l’IRM-140 euros à ma charge- passé en urgence à Trappes, après la radio inquiétante prise aux urgences de Houdan où je passais les fêtes. Côté assurance, rien à attendre, « car il faudrait une condamnation, et ça c’est minimum trois ans de procédure » m’a indiqué mon assureur.

Une plainte contre la police, pour quoi faire? 

J’ ai atterri dans cet hôpital après n’avoir pu ramener ma voiture, le dos totalement bloqué sur une route de campagne avec mes deux enfants à l’arrière. « Si vous vous faites pipi dessus et qu’une de vos jambes se paralyse, vous appelez immédiatement le Samu » m’a dit l’urgentiste qui m’a débloquée avec une piqure de cortisone, avant de me laisser repartir.

De quoi donner envie de porter plainte, pour coups et blessures, non? « En dessous de sept jours d’ITT, c’est même pas la peine de le faire » m’a expliqué le militant Greenpeace avec lequel j’avais sympathisé dans le couloir du commissariat. Il y sera resté vingt heures en garde à vue,  lui et les onze autres sympathisants Greenpeace parmi les 80 arrêtés place de l’Etoile- aucun chef d’inculpation n’a été retenu contre eux au final; pareil pour les trois Suisses qui avaient eu le malheur d’applaudir et d’avoir dans leur poche un tract anti COP21; au moins pour les faire dormir à six par cellule (une de six femmes, une de six hommes) pendant la nuit, les policiers ont-ils été obligé de relâcher les deux jeunes placés en garde à vue la veille (avec à la clé une perquisition musclée chez leur mère) tout ça « pour être entrés dans le lycée comme on le fait tout le temps chercher nos frères ». Et de m’interpeller, moi la journaliste: « La prochaine fois, ce sera pour un vrai truc, qu’ils comprennent ce que c’est que d’avoir la haine d’être traité comme de la merde alors que tu es réglo ».

La haine

En cette fin d’année, où l’état d’urgence règne depuis le 13 novembre 2015 et cela jusqu’en février 2016, le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve est ainsi bien parti pour remplir hôpitaux et prisons, entre les perquisitions abusives-3000 pour 60 inculpations- et les éléments incontrôlés au sein des policiers. Etat de fait que les médias classiques relayent à peine, France 2, Le Petit journal de Canal Plus et plus grave le journal Le Monde malgré son blog consacré à l’état d’urgence ne m’ont jamais recontactée. A qui profite le crime, demande-t’on souvent. Les régionales ont donné un navrant indice sur lequel François Hollande devra revenir lors de ces voeux jeudi soir. Entre bereniza électorale et déchéance de nationalité, sa gauche se fissure dans une France qui semble bien en panne, à l’instar de notre pauvre planète …

Par Laetitia Monsacré

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