En pleine lutte frontale avec le Tiff de Toronto- un vrai marché du film digne de Cannes et La Mostra de Venise- là c’est la glamour qui l’emporte, Deauville peine désormais à attirer les stars américaines. Woody Allen n’est jamais venu et Robert Redford, de passage à Paris pour fêter les 30 ans de son festival Sundance qui, à Salt Lake City, réunit tous les mois de janvier le meilleur des films indépendants et des documentaires, n’a pas juger bon de faire le détour. Dommage, car c’est un retour aux origines que s’offre cette année le festival avec de plus en plus de films indépendants et donc un cinéma different que celui des multiplex, une voie que Deauville avait pourtant prise ces dernières années. Alors que retenir de cette 41 ème édition?
Terence Malick, le grand n’importe quoi
Impossible de tout voir, mais ce dernier week-end, les festivaliers ont pu découvrir le dernier film de Terence Malik, Knigth of cup dans le cadre d’un hommage en son absence- comme beaucoup d’autres stars attendues; un film qui ressemble comme un jumeau à The tree of life, images de la planète, voix off débitant des banalités comme un oracle « Tu vois les palmiers? Ils nous disent que tout est possible. » De l’art ou du cochon comme dirait l’autre, en tous les cas, difficilement supportable au delà d’un quart d’heure…
Dans une autre catégorie, celle de la comédie sans prétention, Ruth and Alex associe en couple fort improbable, Diane Keaton et Morgan Freeman, transformés en sexagénaires prêts à payer 10 000 dollars pour sauver leur vieillle chienne et accessoirement, se prêtant à une journée « portes ouvertes » de leur appartement de Brooklyn afin de le vendre. Caricatural et inepte, le film fera perdre à quiconque qui ira le voir 10 euros.
La dépression, grandeur nature
En revanche, si certains s’accordent sur le fait que « toutes les mères sont dépressives », I smile back est de ces films que le festivalier- et accesoirement les quelques journalistes couvrant encore ce festival ( les séances presse ont même totalement disparu)- découvrent avec bonheur. Dès les premières minutes, on comprend que derrière l’image de la mère parfaite qui prépare le goûter de ses deux enfants, Laney ne va pas bien. Elle donne le change dans sa grande maison, face à son mari qui l’aime- « N’as-tu pas envie d’être heureuse? »- mais les placards de la cuisine cachent des bouteilles d’alcool et les tiroirs des petits sachets de cocaïne, remède plus radical que son lithium face à la dépression qui la ronge. Et ses démons intérieurs, abandonnée par son père à neuf ans comme elle le raconte au psychologue de la clinique de désintoxication où elle finira par passer un mois. La culpabilité, la peur de ne pas y arriver, la dépréciation de soi-même, cette descente aux enfers s’inspirant du livre d’Amy Koppelman est une vraie réussite, qui saura entrer en résonance avec tout ceux qui connaissent le vertige des maniaco-depressifs et pourra faire comprendre à ceux qui bienheureux, y échappent, ce que c’est que d’en être…