22 mai 2015
Instantané cannois

 

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Dès l’arrivée à la gare, on est frappé de voir comme Cannes, loin du glamour rabâché par les médias, peut être déshumanisée. La ville semble remplie de robots badgés qui acceptent d’être fouillés comme à l’aeroport- les bouteilles d’eau sont proscrites dans les salles de projection comme dans un avion- après avoir été parqués dans des corridors où, en fonction de la couleur de leur badge, on poiraute ou pas. Rien que pour les journalistes, trois couleurs différentes existent avec le rose, couleur assurant le nirvana et de « rosir « de plaisir en passant avant tout le monde.

Ce jeudi 21, le festival tire à sa fin, déjà dix jours avec plus de sacoche ni de catalogue aux accréditations. Il y a toutefois encore des films présentés en compétition comme Dheepan, le  dernier film de Jacques Audiard. Le réalisateur, un habitué de la sélection cannoise et des anti-héros, montre avec des acteurs inconnus comment ces immigrés qui quittent un pays en sang-ici le Sri Lanka- en retrouvent un autre pas des plus accueillants comme la France; une vie où la violence est toujours aussi présente comme dans cette cité de Poissy au nom bucolique « Le pré », une sorte d’enfer aux mains des dealers, tandis que le paradis prend les traits de l’Angleterre. Long, âpre, le film a le mérite de montrer aux festivaliers, déguisés en pingouins et Cendrillons lesquels n’iraient sans doute jamais voir ce genre de films en dehors du festival, comme la vie est loin du glamour de ces marches que certains montent, avec sur le dos, de quoi faire vivre des années durant ceux qu’on voit sur l’écran.

Heureusement, Cannes pensent à ceux qui souffrent- les palaces se sont engagés à envoyer au Népal les recettes des bouteilles d’eaux vendues par leur soin tandis qu’à 5 000 euros le rond de serviette- certains auront pu diner ce jeudi soir à l’Eden Rock au profit du traditionnel Gala de l’Amfar qui privatise tout le cap Antibes pour son dîner-plus un quidam ne passe, vive la démocratie.

Les autres, tenteront à la nuit tombée de récupérer une coupe de champagne à l’inauguration de la boutique du joaillier Grisogono ou une invitation pour aller voir Valley of love, avec le couple Depardieu-Huppert, film où les deux acteurs s’ennuient autant que le public. Du désert du Nevada à celui artistique avec un scénario épais comme du papier cigarette et des dialogues indigents…Reste la mer et l’écran géant de la plage qui vous envoyait dans les étoiles avec Apollo 13. Gratuitement mais gare au mistral qui ne décourage aucune des gazelles qui arpentent la Croisette avec le moins de tissu possible sur elles. La nuit s’étire, le bruit des fêtes omniprésent, c’était un jour à Cannes.

 

LM

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