De la blitzkrieg aux drônes

Il y a soixante dix ans, un morceau de papier signé par des militaires allemands, russes et américains-les français n’étaient que témoins-mettait fin au conflit le plus meurtrier de l’histoire- 60 millions de morts, à comparer aux 15 millions de morts de la première guerre mondiale. C’est qu’en trente ans, les outils pour tuer s’étaient améliorés- blindés, aviation- voire enrichis avec la bombe atomique ou les V2.Les civils ont également payé un lourd tribut à ce conflit né de la folie d’un homme- 45 millions de morts- avec des bombardements qui du Havre à Dresde ont plongé des familles dans le deuil de fratries entières. Loin des Champs Elysées où défilent traditionnellement les écoles militaires avec un énième hommage au soldat inconnu et au Général de Gaulle, la guerre est toujours là, dans ses nouvelles versions comme ces frappes chirurgicales présentées comme un progrès face au barbarisme des procédés anciens.

Guerre à distance

Ainsi les américains, avec leur capacité certaine à l ‘autocritique, donnent à voir  avec un réalisme sidérant dans le film Good Kill cette forme de guerre à distance; des drônes qui permettent de tuer en étant à 10 000 km du théâtre des opérations. « Si nous nous arrêtons, eux continueront ». Dans cette lutte contre le terrorisme, avec des armées qui ne correspondent même plus à des Etats-DAESH- le cynisme a remplacé la bravoure. On tire en étant un ennemi invisible, intouchable que seul un ciel nuageux peut arrêter. « Laser armé », l’écran montre l’explosion: la guerre derrière son écran comme un jeu vidéo, puis le retour chez soi pour le soldat, le barbecue avec les voisins, les enfants à emmener à l’école. De quoi devenir schizophrène pour cet ancien pilote de F16 et créer un malaise chez les spectateurs face à ce que la technique nous offre pour faire régner l’ordre et accessoirement nous protéger. Une chose demeure: sous les balles, sous les bombes, sous les missiles, c’est toujours de la « chair et du sang ».

Par Laetitia Monsacré

Imprimer