Cette année, le Salon du livre débute avec le printemps. Sont-ce là de bons hospices? La soirée d’inauguration était en tous les cas l’occasion d’aller boire du champagne sur les stands, avec les meilleurs marques chez les grands éditeurs-Galligrasseuil-ou du côté des stands de livres numériques, lesquels s’affirment de plus en plus, avec des promesses telles que » 3 millions de livres accessibles en une minute » promis par le Kindle d’Amazon. A 100 euros pour un modèle Paperwhite-prix salon- le géant du commerce électronique vous promet de pouvoir lire « de jour comme de nuit »-adieu la lampe poche sous les draps- plus « une batterie qui dure des semaines et une version 3G ». Mais point besoin de leur faire de la publicité, revenons aux vrais livres-en papier- comme ce grain des feuilles vergé chez Arenella Editions qui propose des aquatintes originales d’Alexandre Alexeïeff illustrant La condition humaine de Malraux- 33 exemplaires, 3300 euros ou encore Vie Fontenaisienne, 390 euros réunissant des textes de Huysmans, Dumas, Larbaud ou Pierre Perret, accompagnés de dix gravures originales. Car quoiqu’on en dise, le livre-papier reste l’objet de tous les fantasmes.
Percée de l’auto-édition
Une nouvelle génération d’éditeurs 2.0 à la suite du succès de Fifty shades of grey l’a bien compris, en proposant à quiconque rêve d’être publié, d’ offrir la publication de leur manuscrit -sans néanmoins la machine promotionnelle des éditeurs classiques. Ainsi peut-on être « signé » chez The Book Edition.com qui propose aux auteurs en herbe de s’auto-éditer en ligne, en choisissant leur prix de vente et le nombre d’exemplaires imprimés. L’auteur paye alors la fabrication de son livre, système un peu différent de celui proposé par Edilivre.com, start up créée en 2007, qui se rémunère quant à lui, après la lecture par un comité de lecture (pas trop restrictif vu que sept manuscrits sur dix sont imprimés), sur les services fournis tel que la personnalisation de la couverture avec une illustration, la relecture-6 à 9 euros la page ou carrement la réécriture- 10 à 12 euros la page. Leur catalogue comprend aujourd’hui près de 10 000 auteurs, dont les ouvrages jouissent d’un dépôt légal à la Bibliothèque de France et qui bénéficient de relais principalement en Province pour se faire connaitre via des clubs d’auteurs ou de la presse, aucun diffuseur ne faisant partie du montage à la différence de l’édition classique. Le site organise par ailleurs de nombreux concours d’écriture comme ces 48 heures de la nouvelle avec le vendredi soir un thème donné pour un marathon littéraire durant le week-end.
Une ministre et des prix
Mais voilà que la Ministre de la culture passe dans les allées suivie de quelques photographes et caméras, tandis que sur le stand de la Normandie, on peut entendre un éditeur indépendant s’écrier: « Oh Fleur, la ministre qui ne lit pas! ». Côté poids lourds, Flammarion ou le Seuil, on croise des écrivains en relâche-les dédicaces ne commencent que vendredi, faisnat mine de ne pas savoir à combien ils en sont-en vente d’exemplaires- comme le jeune Adrien Bosc qui s’est offert chez Stock un joli 100 000 exemplaires finit-il par avouer avec son premier roman, Constellation. Et après, le second livre étant le plus difficile à écrire comme chacun sait? « Il est en route » tout comme pour tant d’autres écrivains qui viennent ce soir-là se rapeller aux bons soins de leur maison d’édition à moins qu’ils ne draguent la concurrence. Plus loin, le prix Franece Télévision est remis à Emmanuel de Waresquiel pour Fouché, les silences de la pieuvre aux Editions Tallandier, tandis que le prix RTL-Lire était remis à l’essai Amours de Léonor de Recondo aux éditions Sabine Wespieser. Les premières notes d’une symphonie harassante qui verra défiler public, scolaires et le petit monde littéraire trois jours durant à la Porte de Versailles où nous retournerons lundi pour le Brésil et un plus grand tour…