Une heure trente en salle, deux heures et plus à table : pour une fois le temps de l’estomac s’est fait plus long que celui de l’œil, avec la dernière création de John Neumeier pour le Ballet de l’Opéra de Paris, Le Chant de la Terre, qui a attiré cependant-signe de crise?-une foule de mécénes moins compacte que de coutume pour le gala de l’Arop.
Le chorégraphe américain appartient pourtant presqu’à la légende, au moins pour les balletomanes, qui se souviennent de sa Dame aux camélias choisies par Agnès Letestu pour ses adieux, et referme ici sa longue exploration du corpus mahlérien. Epuré, sinon décanté, placé sous le signe de la lumière tour à tour lunaire et solaire, le spectacle subtil aurait gagné à la présence de surtitres, pour mieux suivre les inflexions du texte chanté et de sa poésie délicate. La lecture de Neumeier pouvait supporter une entorse aux usages.
Le rideau baissé avec son cortège usuel d’applaudissements, Roselyne Bachelot pour seule ministre présente et ceux qui avaient payé 260 euros se dirigeaient vers le Grand Foyer pour le souper. Si la gastronomie se repliait surtout sur le dessert et le champagne Ruinart millésimé à discrétion, on pouvait au moins, à ce prix, repartir avec des brassées de roses rouges du grand escalier sans trop éveiller les soupçons…
GL