Les meilleurs personnages sont reconnaissables par quelques signes. Un chapeau melon pour certains, une salopette pour d’autres. Ici il s’agit d’un petit fichu rouge, d’un matériel de couture et d’une admiration sans borne pour Charles De Gaulle. La mère de Philippe Caubère fait partie de ces personnages que l’on n’oublie pas. Pour le plus grand bonheur d’un public qui semblait attendre le retour du comédien depuis de longues années, Philippe Caubère reprend au théâtre de l’Athénée le personnage de cette mère aimante et excessive, vite dépassée par le vent de mai 68 dans lequel son fils s’est engouffré, et qui constitue le fil rouge de cette nouvelle pièce, La danse du diable.
Une tendresse pour ses personnages
Gratifié d’éclats de rire dès les premières minutes, Philippe Caubère a devant lui un public qui lui est tout acquis, tant il est rare d’assister à une telle performance d’acteur. Philippe Caubère a vieilli, s’est arrondi, est devenu moins souple, mais reste un incroyable conteur. Faire ressentir autant d’émotion devant une poignée de main avec Charles de Gaulle, un concert de Johnny Hallyday ou un décollage d’Iliouchine relève de la prestidigitation.
Volontiers cabot notamment lorsqu’il joue avec le public, l’ancien comédien de la troupe du Soleil pose un regard toujours aussi tendre sur son enfance et sa famille. Sur sa mère bien sur, où l’affection perce souvent sous le regard amusé, comme lorsqu’elle veille exténuée jusqu’au petit matin pour assister au spectacle de son fils alors englué dans les délires théâtraux post mai 68. Mais aussi à propos de ses années d’adolescence, l’acteur embarquant le public dans ses divagations nocturnes, lors de soirées réunissant Sartre et Hallyday, ou de danses aériennes parfaitement réalisées. Philippe Caubère prend manifestement toujours autant de plaisir à jouer le roman de sa vie, peut être parce qu’il se rapproche doucement des disparus qu’il a aimé…
Par Florent Detroy
La danse du diable- Théâtre de l’Athénée jusqu’au 07 décembre- 3h20 avec entracte