Il faut du courage pour mettre au programme une pièce inspirée par l’oeuvre de l’écrivain collaborationniste Lucien Rebatet. Le théâtre 13 a franchi le pas en jouant jusqu’au 19 octobre le spectacle Ni dieu ni diable. Son auteur, Augustin Billetdoux, s’est inspiré du texte Les deux étendards de l’écrivain fusillé à la libération. Une fois écarté toute ambiguïté sur les idées politiques de l’auteur, le livret le fait très efficacement, on comprend vite pourquoi cette pièce à intéressé ce jeune dramaturge.
Michel, jeune intellectuel lyonnais monté à Paris, profite des plaisirs de la chair dans la France des années folles. Mais un ami lyonnais lui fait un jour découvrir l’amour chaste, lorsqu’il lui présente sa compagne Anne-Marie. La fin de leur idylle est d’ailleurs programmée, puisque le couple compte se séparer dans deux ans pour rentrer dans les ordres. Michel va toutefois tomber amoureux d’Anne-Marie, et introduire le germe de la tentation. La pièce se noue alors autour de problématiques extrêmement actuelles, notamment la difficulté à réenchanter un monde où l’éphémère domine et le mystère a disparu.
Une mise en scène inventive
La mise en scène de Julie Duquenoÿ et d’Augustin Billetboux participe à dépoussiérer un texte qui pourrait facilement apparaitre daté, bien que magnifique. Rythmée, drôle et colorée, la pièce démarre sur les chapeaux de roues. Si elle perd en intensité lors des scènes plus dramatiques, la qualité des interprétations compense les longueurs. Les deux comédiennes en particulier, Ariane Brousse et Lou de Laâge, sont brillantes dans leur rôle respectif.
L’anonymat de l’oeuvre de Lucien Rebatet depuis la guerre explique peut être le petite nombre de spectateurs ce jour-là. La difficulté à trouver le texte des Deux étendards encore aujourd’hui donne un aperçu de l’ampleur de cette mise à l’index. Ce spectacle n’en est pas moins une réussite, tant par la qualité du texte que l’invention de la mise en scène.
FD
Ni dieu ni diable, jusqu’au 19 octobre 2014 au Theatre 13 seine