Dans tout Paris, Niki tire à vue. Ne serait-ce la liste édifiante des sponsors et autres partenariats « media » qui apparaissent sur l’affiche, on pourrait la prendre pour la « Calamity Jane » de la rentrée. Cette jeune fille de bonne famille née à Neuilly sur Seine a, en tous les cas pour ces premiers jours, su rencontrer son public, en majorité féminin, avec cette rétrospective au Grand Palais. Violée par son père à onze ans comme Catherine Marie-Agnès de son vrai nom l’avoue dans son livre Mon secret publié en 1994 (il y avait quelques indices donnés auparavant…), l’art l’a définitivement sauvée de la schizophrénie et de la folie. Alors bien sûr, il reste des traces… Son autoportrait? Une femme en morceaux, avec un visage qui semble pleurer des larmes de sang. Autodidacte, elle a définitivement choisi comme le rappelle une interview filmée, de préférer les accouchements aux « bouquets de fleurs »; féministe s’il en est, ses nanas « sont grandes car les hommes le sont ». L’exposition leur laisse ainsi une place d’honneur tout comme ses tirs, avec cette idée qui guida son oeuvre: « A bas l’art pour le salon »- ses oeuvres monumentales y ayant, de fait, peu de place… Ainsi cette sculpture Promenade du dimanche où un couple enlacé tient en laisse une mygale. Dans la dernière salle, on découvre l’oeuvre ultime de celle qui se définissait comme une « Napoléon en jupon » : le Jardin des Tarots en Toscane, qu’elle finança elle-même, lançant tout comme Christo les bases du merchandising. De quoi satisfaire le visiteur avant la boutique, s’il a le temps de regarder avec ses deux yeux les oeuvres, entre photos prises avec son smartphone, QR code et audioguide…
LM
Au Grand Palais, jusqu’au 2 février 2015