Le bottin devant soi- 375 pages, cinq spectacles par page-on est un peu étourdi; chaque année, c’est la même chose: on laisse trainer l’oreille, on se prend pour Sherlock Holmes et l’on tente de trouver la pépite en fonction de quelques lignes résumant la pièce, d’une critique de confrère, du thème ou de l’horaire. Dès lors, on court d’un bout à l’autre de la ville, avec son badge presse qui vous attire tous les flyers imaginables- « vous ne serez pas déçu, venez me voir! » avec, en fin de journée, la tentation de choisir la pièce en fonction de la distance avec son hôtel…Le buzz cette année est autour de Constellations, pièce du jeune auteur anglais Nick Payne racontant la rencontre de Mary, chercheuse en physique quantique, et de Roland, apiculteur en déployant à chaque étape de leur rencontre l’éventail des situations que pourrait traverser le couple. Une vraie réussite à voir dans une patinoire hors les murs, bref, il fallait être motivé.
Avec des bonnes critiques et un bon pitch- une satire sur le mythe américain via une famille de juifs allemands arrivant à New York après-guerre, on s’est laissé tenter par Fuck América; grosse déception, la pièce traitant en fait d’un « branleur » qui n’en finit pas de parler de sa « queue »-sic. A côté de cela tout parait mieux, comme Oscar Wilde est mort qui revient sur l’incarcération du poète avec des respirations musicales au son d’une guitare et la très jolie voix de Claire Farah – sans doute plus inspirés que le récitant un peu trop emprunté dans son costume rose faisant plus penser à Elvis Presley qu’au célèbre dandy londonien. Dans tous les cas, un constat: les salles sont à chaque fois bien remplies voire archi-combles comme pour Jeanne et Marguerite qui, après Paris-c’est le cas de nombreuses pièces- est descendue à Avignon. L’émotion, il est vrai, est au rendez-vous, avec les larmes à peine séchées des bravos qui fusent devant la performance étourdissante de l’actrice, Françoise Cadol. Toute en énergie et justesse, elle donne tout dans ce récit autour de deux femmes amoureuses séparées par un siècle, une histoire poignante et autobiographique.
Certaines stars sont là comme Sergi Lopez, à l’énergie également remarquable même si la pièce 30/40 Livingston, véritable chasse au père pêche un peu dans son analyse psychologique.
Le off est aussi l’occasion de retrouver ses classiques-plus ou moins bien joués-ou des auteurs valeurs sûres comme Perec et son Quel petit vélo, revenant sur la guerre d’Algérie -jubilatoire ou encore Bossuet avec son Sermon du mauvais riche,magnifique texte déclamé par Patrick Schmitt dans la Chapelle de l’Oratoire-on ne fait pas plus raccord…Il arrive enfin que des spectacles singent le « in » , comme Le jour où Sam est mort- en espagnol surtitré- non sans talent mais avec cette impression que le off est sans doute plus légitime lorsqu’il fait dans le « privé ». Distraire intelligemment, telle est la clé…
LM et FD
Le Festival du off, jusqu’au 27 juillet voir site