Après ses « étages et demi »- une des brillantes trouvailles entre autres de son film Dans la peau de John Malkowitch, Spike Jonze revient avec Her, son dernier film qui malheureusement semble à peine prophétique. A l’heure d’internet et du tout virtuel, voilà Théodore, son héros, pantalon porté haut, fraichement divorcé et déprimé comme il se doit qui s’offre un OS, système ultra sophistiqué qui grâce à une oreillette et un petit boitier caméra format carte de crédit vous offre la meilleure compagnie qui soit; toujours disponible, d’une intelligence rare, pleine d’humour et capable également de vous envoyer au septième ciel avec sa voix irrésistible. Face à Joaquin Phoenix, c’est en effet Scarlett Johansson (que de la VO) qui a relevé de défi d’être la Samantha- jamais visible car sans corps-qui rend dingue cette pauvre âme esseulée comme tant d’autres. Le film d’une rare intelligence montre comment la pauvreté actuelle dans les contacts humains, ici dans un Los Angeles désincarné et aseptisé laisse à prévoir l’avènement de l’intelligence artificielle et augure de ce que risque de devenir le quotidien des générations futures. A la fois fascinant et effrayant, d’autant que la machine au final finit par vite se lasser des pauvres petites créatures sentimentales et brouillonnes que nous sommes.
AW