Ce dimanche 16 mars, sur la scène de l’Opéra Garnier: Gad Elmaleh. Cherchez l’erreur. Son producteur, Gilbert Coullier a sans doute du sortir l’argument choc de notre époque-le même que l’on tente actuellement envers la Russie au niveau diplomatique: l’argent. Avec la baisse de la subvention publique -94 millions d’euros au lieu de 100 millions il y a quelques années- la billetterie doit dégager cette année 20 millions de plus qu’à l’arrivée de Nicolas Joël en 2009. Alors, on taille partout (y compris dans le quota presse, les sites internet étant les premiers visés dont nous) et l’on hésite pas pour la prochaine saison à augmenter les places les vendredi et samedi soirs de 10 à 20 % selon la catégorie-comptez 230 euros dès septembre pour être en milieu de parterre à Bastille (le Royal Opera House à Londres propose à titre de comparaison 40% des places à moins de 40 £). La seconde salle d’opéra voulu par Mitterrand, un opéra « populaire » ne propose ainsi à moins de 70 euros plus que des galeries de côté avec torticolis et mal aux fesses assuré ou fin fond de deuxième balcon-prévoyez des jumelles grossissantes rayon chasse du Vieux campeur plutôt que celles de théâtre de votre vieille tante.
Programmation risque zéro
Quant à espérer pour les plus jeunes ou les plus vieux, les fameuses places à 25 euros en première catégorie soldées en dernière minute si le parterre n’est pas complet, vu la saison ultra classique qui s’annonce, elles risquent d’être bien rares…Car le moins que l’on puisse dire, c’est que pour 2014-2015, Nicolas Joël cosigne avec son successeur Stéphane Lissner, une programmation « risque zéro ». La Traviata, le Barbier de Séville, Tosca, La Bohème, Don Giovanni, Faust, à part Le Roi Artus de Chausson ou le Cid de Massenet et une unique création en ballet, Le Chant de la terre de Neumeier, bonjour les découvertes…De quoi satisfaire les touristes fortunés et les grand donateurs de l’AROP, association à but très lucratif qui réunit les mécènes de l’Opéra- un concentré du CAC 40 que l’on repère car sitôt le rideau tombé, ils sont déjà levés (ils ont payé cher pour voir, pas pour applaudir…). C’est d’ailleurs à eux, selon plusieurs sources, que l’on devrait l’arrivée du très bankable Benjamin Millepied à la direction de la danse. Ce jeune danseur chorégraphe star aux Etats-Unis depuis le film Black Swan sait en effet, selon les bruits de couloirs, lever des fonds comme le chasseur le gibier, et promet donc des nuits tranquilles au Monsieur Finance de l’Opéra, Christophe Tardieu. Une logique qui accompagne par ailleurs la fin d’une époque avec la retraite d’étoiles qui paraissent difficilement remplaçables- Nicolas Le Riche, Aurélie Dupond, Isabelle Ciaravola, Agnès Letestu ainsi que de la formidable Brigitte Lefevre, autant de départs qui sonnent le glas par ailleurs d’une certaine élégance…