« C’est pour de vrai qu’elle a fait ça? ». Mon fils, 7 ans, regarde à la télévision un extrait de le phénoménale prestation de Nadia Comenacci virevoltant aux barres parallèles des JO, images d’un autre temps revenues sur le front de l’actualité grâce au très beau livre de Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais. Photoshop, effets spéciaux en tous genres, lunettes 3D, chirurgie esthétique, jeux vidéos, nous vivons désormais dans un monde totalement virtuel où mêmes les photographes ne résistent pas à « bidouiller » leurs clichés comme pour le prestigieux concours annuel du World Press Photo qui vient d’être décerné à John Stanmeyer pour sa magnifique photo montrant des immigrés qui, avant d’embarquer en mer, tentent à Djibouti de capter un réseau avec leur portable( voir photo en une).
Pour récompenser une photo qui marquera les esprits, le jury est toutefois obligé de faire appel systématiquement à des experts et demander désormais les fichiers originaux aux candidats sélectionnés. Avec un constat: les manipulations qui visent à ajouter ou retirer des éléments de l’image sont de plus en plus fréquentes, sans que cela n’apporte pour autant rien en terme esthétique. « Le fichier d’origine est souvent plus fort avant la manipulation » souligne même Gary Knight, confondateur de l’agence VII, et président du jury de ce concours qui récompense les meilleurs photojournalistes de l’année-il étaient cette édition plus de 5 000. Oui, mais voilà, dans un monde où le réel tend à n’avoir plus de valeur, la norme devient le faux, dans tous les domaines….
LM
Voir les autres clichés sur le site World Press, avec les légendes
C’est Paul Hansen qui avait obtenu le premier prix l’an dernier pour cette photo prise à Gaza après un bombardement israëlien