« Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Nous connaissons tous cette phrase qui résumait l’amitié entre Montaigne et la Boétie. Pourtant à travers la très belle pièce de Jean Claude Idée, on découvre que leur relation fut bien plus complexe que ce que l’histoire a voulu en retenir. « La trahison souille tous les souvenirs qui la précèdent », « Tu ne fus mon ami que par mégarde », « je ne reconnais plus rien de ce qui fit jadis ma préférence »: le fantôme de la Boétie qui revient hanter Montaigne est en colère, car son ami n’a jamais publié son Discours de la servitude volontaire, texte fondateur contre l’absolutisme -sans doute trop dangereux pour l’époque. Tabula Rasa pour l’un , royalisme pour l’autre, deux amis, deux conceptions s’affrontent entre conservatisme et socialisme tandis qu’une douce jeune fille, Marie de Gournay fait redécouvrir à Montaigne la jeunesse et l’impertinence. L’occasion d’y entendre un texte d’une intelligence rare et d’un modernisme bienheureux, servis par une distribution impeccable-Emmanuel Dechartre, Adrien Melin et la ravissante Katia Miran, tous trois vêtus des magnifiques costumes de Sonia Bosc. Le public d’ailleurs ne s’y trompe pas, salle pleine et applaudissements nourris, tant il est rare d’entendre une langue aussi belle aux service d’une pensée limpide et universelle.
LM
Parce que c’était lui, au Petit Montparnasse à 21 heures du mardi au samedi