30 janvier 2014
Books, books, books

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A peine digérée la rentrée de septembre, voilà pour les mois de janvier et février 2014 quasiment autant de romans qui arrivent -plus de 500, avec « of course » de grandes têtes d’affiche et une très nette domination française. Alors, qui pour tenter de refaire le très beau coup littéraire de septembre de La Dilletante et son fakir coincé dans l’armoire? Un premier roman, édité à 2000 exemplaires qui se vend 100 fois plus et dans 35 pays, voilà qui a de quoi faire envie dans un business où à 5 000 exemplaires, on s’estime plutôt content.
Vous n’entendrez bien sûr parler que d’une vingtaine de romans, poussés par les attachés de presse et qui trustent pages et autres espaces littéraires, tous médias confondus. Ainsi, grande gagnante de ces premières semaines, Maylis de Kérandal pour Réparer les vivants (éditions Verticales), superbe récit sur ce que c’est que donner son cœur-littéralement. Autre auteur plébiscité en ce début d’année – en plus c’est un parfait inconnu ce dont les médias raffolent pour se donner bonne conscience par rapport aux auteurs « passage obligé » – Edouard Louis (lire article) qui signe un roman âpre que POL a refusé en le trouvant trop caricatural et romancé -malheureusement Eddy Bellegueule publié au Seuil, qui décrit la bêtise crasse d’une certaine France est sans doute un des romans les plus autobiographiques de la rentrée.

La guerre, la Grande et la Seconde

Jean Rouaud, dont toutes les écoles de France devraient faire lire à leurs élèves Les champs d’honneur en cette année de centenaire de la guerre 14-18, revient avec son écriture ample et magnifique dans Un peu la guerre, publié chez Grasset: troisième volet de La Vie poétique, où l’auteur poursuit sa restitution sociale et littéraire de la France post 1968. Côté belle écriture, Andreï Makine est lui de retour avec Le Pays du lieutenant Schreiber (Grasset), narrant son amitié avec Jean-Claude Servan-Schreiber, héros oublié de la Seconde Guerre mondiale; les amoureux de Christian Bobin retrouveront sa douce petite musique dans La Grande Vie (Gallimard), un manifeste qui appelle, une fois encore, à rétablir le lien perdu avec le passé, à jouir des mots et à lutter contre un monde moderne, électronique et amnésique. 

Du Mali à Venise

Viennent aussi les habituels poids lourds comme, en février, Erik Orsenna, avec Mali, ô Mali (Stock), suite de  Madame Bâ, l’institutrice malienne, pour tenter de décrire de l’intérieur le Mali d’aujourd’hui. Michel Field devient à son tour amoureux des mots dans Le soldeur chez Julliard, afin de savoir si vider sa bibliothèque libère ou est au contraire le signe ultime de renoncement.  Côté blockbuster, et femme! Katherine Pancol est de retour avec Muchachas, mais on n’a pas besoin de lui faire la réclame… Pareil pour Philippe Sollers , Médium (Gallimard), et ses aficionados qui seront ravis de le retrouver à Venise, Marc Lambron, Tu n’as pas tellement changé (Grasset) où il rend hommage à son frère disparu, Philippe Besson, La Maison Atlantique (Julliard), un huis-clos étouffant entre un père et son fils ou encore David Foenkinos et sa Tête de l’emploi.

Faits divers et nouvelles

Du sulfureux en perspective avec Régis Jauffret et sa Balade de Rikers Island qui, après le banquier Stern, s’intéresse à un autre fait divers qui provoqua la chute à New York d’un certain DSK. Rajoutez le témoignage de Tahar Ben Jelloun, L‘ablation, Pierre Assouline, qui revient sur la fuite de Céline en Allemagne dans Sigmaringen (Gallimard), Dominique Fernandez, sur l’engagement auprès des communistes pendant l’entre-deux-guerre dans On a sauvé le monde chez Grasset ou encore les souvenirs de Daniel Rondeau, Vingt Ans et plus (Flammarion). Denis Podalydès, vous fera lui rire dans Fuir Pénélope au Mercure de France et Nathalie Rheims, frémir avec Maladie d’amour (Léo Scheer) où elle décrit très habilement le vertige de la passion amoureuse. Enfin, la nouvelle est  également à l’honneur avec Sylvain Tesson qui, après son aventure sibérienne revient chez Gallimard pour des récits sur une plateforme pétrolière russe, les sans-papiers ou la vie dans une ville-champignon aux confins de la Sibérie ainsi que Pascale Roze dans  Passage de l’amour publié chez Stock fin janvier. Côté étranger, on vous en reparlera quand on aura fini les 800 pages du dernier Donna Tartt, Le Chardonneret, vertigineux…

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