Pour les habitants du Havre, il n’est pas certain qu’Auguste Perret soit l’architecte génial qui méritait que son « oeuvre » soit classée comme patrimoine mondial de l’humanité… D’accord, la ville portuaire détruite à 80 % pendant la guerre n’avait pas le choix et le béton s’est révelé solide et rapide pour reconstruire église, hôtel de ville et rues entières mais à vivre, ce n’est pas vraiment gai gai… D’autant que les Havrais n’ont pas eu droit aux jolies décorations du Théâtre des Champs Elysées ni celles qui ornent l’immeuble bourgeois et fondateur de la rue Franklin, construit en 1903 dans le très chic XVIème arrondissement. Né en 1874 d’un père entrepreneur en bâtiment, Auguste, élève studieux de l’école alsacienne, dessinera le chalet familial à 16 ans puis crée en 1905 une agence avec son frère, Gustave après avoir signé le casino de Saint Malo. Huit ans plus tard, ils créeront le Théâtre des Champs Elysées, première construction tout en béton armé, qui sera relégué avenue Montaigne, la célèbre avenue n’ayant pas eu envie du bâtiment… ll faut dire qu’entre l’église du Raincy, le bâtiment du Mobilier national, la salle Cortot ou le Palais d’Iéna, le style Perret- présenté à travers huit ouvrages majeurs dans cette exposition réalisée au sein même de l’ une de ses réalisations, l’atrium du Conseil économique et social- est assez « mastoc », faisant souvent penser aux constructions staliniennes… Ainsi l’église Saint Joseph du Havre n’inspire t’elle pas vraiment à la spiritualité, gigantesque crayon élevé dans les airs, qui motive peut-être l’intitulé : huit chefs d’oeuvre?/!. Reste toutefois à son crédit deux salles de concert à l’acoustique parfaite et pour le visiteur de cette exposition, l’occasion de découvrir maquettes, aphorisme et meubles que cet homme érudit laissa en héritage.
LM
Auguste Perret, huit chefs d’oeuvre?/!, tous les jours de 11 h à 18 h au Conseil Economique et social, avenue d’Iéna, infos