A moins d’aimer la pluie et la fraîcheur, il peut sembler bien saugrenu de partir en Irlande en plein automne. Car ce petit pays d’à peine plus de quatre millions d’habitants est surtout la destination des amateurs de nature et de grands espaces. Et côté verdure, le moins que l’on puisse dire est que cette île au climat océanique est gâtée. A moins de préférer le bateau, c’est en général à Dublin que vous atterrirez – «Dear Dirty Dublin » comme l’appelait Oscar Wilde qui n’aimait pas sa ville, laquelle, pas rancunière lui a consacré un musée dans sa maison et une statue multicolore à Merrion Square. Il faut reconnaître que la capitale irlandaise n’est pas des plus glamours, et il ne faut pas s’aviser de se faire une exposition entre midi et deux le dimanche… car tout est fermé à ce moment-là. Mais loin de Temple bar et ses pubs à touristes, il est fin octobre, à cent trente kilomètres au sud de Dublin, un festival qui mérite le voyage. A la périphérie de l’Europe lyrique, et fermant le bal des grands festivals, Wexford, doté depuis 2008 d’un nouvel opéra, est devenu au fil des ans un pèlerinage pour les mélomanes en quête de raretés. Mais à l’inverse de nos pays sillonnés d’autoroutes – sans parler d’un train lent et extrêmement cher, plus du double des tarifs de la SNCF – parcourir cette distance relève presque de l’aventure, même si une deux fois deux voies couvre désormais la moitié de la distance… ce qui n’empêche pas des ralentissements soudain à cause d’une patrouille de police. Heureusement, pour se détendre, on peut boire ici parmi les plus fameux whiskies et découvrir que la France n’est pas le seul pays qui sait faire des fromages…
Gilles Charlassier