Des femmes et des histoires. Voilà qui résume sans doute l’oeuvre d’Alice Munro qui, à 80 ans vient de remporter le Nobel. Il était temps! Elle a en effet annoncé que Trop de bonheur, son dernier livre publié aux éditions de l’Olivier serait son dernier. Avec une dizaine d’ouvrages à son actif, la Canadienne, relativement peu connue en France, atteint donc la postérité avec un genre jusqu’à présent plutôt boudé, la nouvelle. L’occasion pour elle de dérouler ses histoires qui semblent d’un autre âge, comme dans Secrets de Polichinelle paru en poche: huit nouvelles autour de huit femmes avec à la clé une écriture essentiellement narrative, faite d’allers et retours dans le temps et qui s’enrichit occasionnellement de considérations générales: « Avoir des enfants vous changeait. Cela rendait votre position d’adulte suffisamment avantageuse pour vous permettre d’éliminer et d’abandonner entièrement certaines parties de vous-les anciennes. Le travail, le mariage ne faisaient pas tout à fait la même chose: ils vous faisaient seulement agir comme si vous aviez oublié certaines choses. » Auteur discrète, on est frappé par ses récits au rythme alerte où l’on ne s ‘appesantit jamais sur les sentiments; non, Alice Munro suit son chemin avec l’énergie qu’elle partage le plus souvent avec ses héroïnes, des femmes courageuses aux trajectoires diverses, bien lointaines de celles que l’on trouve dans les romans français. Alors, bon voyage.
LM