Après ses tournées dans les festivals – dont Bucarest – Paavo Järvi et son Orchestre de Paris reviennent au bercail, salle Pleyel. Le premier concert de la saison s’ouvre sur une création commandée au compositeur libanais Bechara El-Khoury, associé à la formation parisienne. Orages est une ouverture de concert virtuose mais un peu bavarde pour une telle pièce – près de vingt minutes de musique. Du moins y goûte-t-on une belle maîtrise des couleurs et des atmosphères. Concerto au brio rythmique irrésistible, le Second pour violon de Prokofiev reprend la structure du grand concerto romantique – celui de Brahms en est l’archétype. Jeune soliste pleine d’élégance, Janine Jansen séduit par son jeu enthousiaste et la fluidité de son archet, même si l’on peut préférer un geste plus ample – son bis, une page de Tchaïkovski, a presque des allures de minauderie.
La soirée s’achève sur le célèbre Carmina Burana. L’œuvre n’est pourtant entrée au répertoire de l’Orchestre de Paris qu’en 1999, grâce à Neeme Järvi, le père de Paavo, et n’avait pas été redonnée depuis. Sans doute faut-il y lire l’aversion suscitée par Carl Orff, compositeur officiel du Troisième Reich, même si ses relations avec le régime nazi ont sans doute été beaucoup plus complexes. Pourtant, si l’on fait abstraction de l’histoire, on ne peut rester insensible à cette réécriture anachronique de la musique médiévale, précurseur de la vague new age, à laquelle se mêle une synthèse pastiche des courants musicaux de la fin du romantisme et du début du vingtième siècle. Si la performance de Max-Emanuel Cencic relève surtout de l’anecdote, Mari Eriksmoen éblouit par son babil lumineux et Ludovic Tézier donne toute sa mesure dans la seconde partie. Excellents chœurs, d’une belle lisibilité, et direction d’une impeccable précision de Paavo Järvi. Une brillante rentrée pour l’Orchestre de Paris.
GC
Concert de l’Orchestre de Paris, salle Pleyel, 11 et 12 septembre 2013