23 juillet 2013
De la spiritualité en Avignon

« L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-même et pas ailleurs ». Juive et Hollandaise tout comme Anne Frank,  Etty Hillesum a tenu son journal intime pendant la Seconde Guerre mondiale; elle a également écrit une série de lettres qu’elle a envoyées à ses amis alors qu’elle travaillait à Westerbork, camp de transit de la Drenthe hollandaise où passèrent des milliers de Juifs avant leur déportation finale à Auschwitz. De quoi lui inspirer une oeuvre vibrante à laquelle le Festival off d’Avignon rend hommage pour la seconde année consécutive  à travers deux pièces, Le souffle d’Etty et  Lettres de Westerbork. On y découvre une femme qui, avant de mourir à 28 ans à Auschwitz, devint une spectatrice éclairée d’elle-même et des autres: « la saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autre solution, vraiment aucune autre solution que de rentrer en soi-même et d’extirper toute cette pourriture ».

L’amour de la vie

 Les injustices subies, les atrocités perpétrées, la question de l’attitude humaine face au « mal », on retrouve chez elle les mêmes mots que chez Primo Levi et Jorge Semprun; tantôt mystique, « je vais t’aider mon Dieu à ne pas t’éteindre en moi (…)  une chose m’apparaît de plus en plus claire : ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais c’est à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous », tantôt pragmatique comme lorsqu’elle soulagea la misère des réfugiés juifs en pleine Shoah grâce à sa force intérieure, sa gaîté, sa foi inébranlable et son immense amour de la vie que la pièce Lettres à Westerbork par la voix d’Emmanuelle Galabru ressuscite en compagnie de Martine Amsili.
Dans le Souffle d’Etty, mise en scène tout en ombres et lumières par Michel Viénot, elle est jouée merveilleusement par la femme de ce dernier, d’origine anglaise Mary -à la fois vive, joyeuse et touchante- ainsi qu’Annick Galichet, musicienne et comédienne, sur fond de chants tziganes ou hébreux et de lieds de Schubert qui apportent une émotion à l’ensemble dont on ressort un peu plus profond, plus grand mais plus modeste aussi.

Par Marine Romane

Le souffle d’Etty par la Compagnie Le Puits-Chapelle Notre Dame de la Conversion jusqu’au 23 juillet 2013 à 14 heures 30

Lettres de Westerbork par la Compagnie Nuits d’auteurs au Lycée Pasteur-jusqu’au 31 juillet à 14heures 25

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