7 juin 2013
Non assistance à personne en danger

 

No Pasaran…Jeudi dernier, l’émotion était vive à Paris, de la rue saint Guillaume à la rue Caumartin ou la place Saint Michel. Il fait chaud et les CRS sont sur les dents, comme si un étincelle pouvait tout faire s’embraser. Clément Méric est mort. « On ne doit pas mourir pour ses idées »: NKM, en pleine campagne électorale tient son slogan. Elle viendra d’ailleurs sur les lieux de la bagarre, non loin des grand magasins du boulevard Haussmann, pour appeler à un « rassemblement citoyen », lequel consiste en trois costard- cravate qui discutent entre eux, dont Pierre-Yves Bournazel, candidat malheureux à la primaire en jean, veste et chemise ouverte, le tout avec la caméra de LCP devant eux et trois photographes. Les partisans de gauche ou d’extrême gauche -dont certains le visage masqué, assez agressifs- sont déjà partis place Saint Michel. Un peu plus tôt, à 16 heures pendant à peine une demi-heure, une cinquantaine d’étudiants et surtout le personnel s’étaient réunis à Science Po rue Saint Guillaume. Les cours sont finis alors pas facile d’attirer les foules dans une école où un deuxième année explique comment il règne dans cet établissement, antichambre de l’ENA,  un « consensus de gauche » pour les étudiants des trois premières années. « Après, en master, ça change car on a plus confiance en ses propres idées ». Et d’ajouter que » le FN depuis trois mois a fait son apparition quasi officielle avec FN Sciences Po, présent sur les réseaux sociaux mais à couvert bien sûr ». La récupération des politiques? Il trouve que c’est plutôt une bonne chose « qu’enfin ils s’ intéressent à ce ce problème avec l’extrême droite tant les tensions montaient et se multipliaient les discours haineux depuis des mois avec le mariage pour tous.  » 

Personne n’est intervenu

Quant à Clément, « c’était un jeune homme discret en cours », loin de l’activiste au sein de SUD Solidarité, le syndicat auquel il appartenait. « L’on peut être discret et actif en même temps » souligne un de ses amis venu apporter une fleur rue Caumartin: « Clément aimait cette phrase d’une chanson d’un groupe de RAP « Ne jamais se mettre en avant, ne jamais rester en arrière ». Quant aux médias, BFM TV fait dans le cow-boy avec un cameraman juché sur le toit de la camionnette de régie, avec de nombreux passants de gens qui prennent à part le journaliste pour le traitement fait où l’on présente Clément comme « celui qui a commencé » et les gros plans montrant du sang (à ajouter aux photos de Metronews montrant Clément à terre le torse nu avec un pompier essayant de le ranimer). A ce stade, on parle alors de chute ayant entrainé la mort tandis que Le Monde titre « frappé à mort » alors que l’on attend les résultats de l’autopsie qui ne tomberont que le vendredi.

Et alors la terrible vérité s’impose. C’est bien sous les coups de poings que le jeune étudiant brillant et frêle de 18 ans a succombé. A un peu plus de 18 heures, une heure de grand passage dans un quartier commerçant. Combien de témoins sont intervenus? Que montrent les caméras? Sans doute ce que chacun sait: que personne aujourd’hui n’est prêt à risquer quoi que ce soit. Regarder et commenter ensuite, oui. Mais, avoir la conscience citoyenne qu’à plusieurs on est plus forts et qu’il y des choses que l’on ne peut accepter, il n’en a pas été question. 1986, dans le quartier latin, Malik Oussekine avait été lui victime de policiers motards qui avaient poursuivi avec des matraques ce jeune étudiant de 22 ans qui sortait d’un club de jazz jusque dans le hall d’un immeuble, sous les yeux d’un fonctionnaire qui n’a rien fait. Le tort de Malik? Même pas ses idées, non juste être arabe et au mauvais endroit. Et la victime de l’indifférence. Manuel Valls, l’ensemble des politiques n’ont pas une fois questionné les Français sur cette notion de non assistance à personne en danger qui avait été si bien décrite dans le film 38 témoins.  » Un témoin qui se tait, c’est un salaud. 38 qui ne font rien, c’est Monsieur tout le monde ». La phrase pourrait s’appliquer à ces hommes et femmes qui n’ont rien fait, rien dit. Le meurtrier de Clément ira pour longtemps en prison. Les policiers qui avaient tabassés à mort Malik  ont, eux, été condamnés à un et deux ans de prison… avec sursis.  Quant au ministre en charge de la sécurité à l’époque, Robert Pandraud , il osa dire « si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit. » Au moins personne n’attaquera Clément sur son engagement. Certains pourront y voir un progrès…Une chose est sûre, dans cette histoire, il n’y a pas seulement une victime et un coupable comme on voudrait  nous le faire penser.

 

Par Laetitia Monsacré

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BFM tv et ses cow-boys de l’info

 

 

 

 

 

 

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