Après l’Opéra de Paris, les deux autres grandes salles parisiennes -la très bourgeoise du Théâtre des Champs-Elysées, appartenant à la Caisse des Dépôts et celle, entre conservatisme et renouveau, de l’Opéra-Comique, ont dévoilé leur prochaine saison. Dans la belle salle décorée par Lalique, Maurice Denis et Bourdelle, l’événement sera sans doute le Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc en décembre avec, à la mise en scène, l’incontournable et talentueux Olivier Py ( dont on se demande où il trouve le temps de tout faire, entre Avignon dont il est le nouveau directeur et ses deux autres mises en scène d’opéra cette année, à Bastille –Aïda de Verdi et Alceste de Gluck). Jugez plutôt du plateau: Sophie Koch, Patricia Petibon, Véronique Gens et Sandrine Piau pour cet opéra écrit sur un scénario de Georges Bernanos et qui a été absent de la scène parisienne depuis dix ans. A la baguette, le jeune chef d’orchestre Jérémie Rhorer, révélation musicale de l’année 2008, et assistant de Marc Minkowski et William Christie -plutôt de bonnes écoles…- qui assurera également la direction musicale de Fidelio, l’unique opéra de Beethoven en juin ainsi que La Vestale de Spontini en octobre, opéra qui était tombé dans l’oubli depuis le XIX ème siècle. Grand retour en avril, et non des moindres de Cécilia Bartoli en Desdemone dans l’Otello de Rossini, à la mise en scène résolument moderne pour ce drame autour du racisme servi par une « musique pleine de feu » selon les mots de Stendhal, laquelle impose sur scène la présence de trois ténors -la chose est ardue à réaliser en matière d’agendas…. Rossini enfin encore et toujours avec un festival que le TCE lui consacre cette saison; deux autres opéras, Le Barbier de Séville avec Jean-Claude Malgoire à la direction de l’orchestre et Tancredi auxquels s’ajoutent en version concert L’Italienne à Alger et La scala di seta. Seuls Wagner et Le Vaisseau fantôme ou Strauss avec Le Chevalier à la rose apporteront un peu de germanitude dans cette saison très italienne… Côté danse, seulement deux spectacles avec Bianca Li -souvent inégale et le pianiste Lang Lang qui fera danser sur Chopin.
Et Jérôme Deschamps, que nous a-t’il concocté pour cette saison toujours superbement illustrée par Guillaume Dégé dans cette belle salle de l’Opéra Comique où officia jadis un autre Jérôme (Savary) de grand talent? Le voilà en tous les cas reconduit dans ses fonctions pour sept ans. Deux grands titres « maison » seront à l’affiche avec Lakmé de Delibes et une reprise de Pelléas et Mélisande de Debussy. S’y ajoutent le formidable Platée de Rameau et l’opérette de Charles Lecocq, Ali Baba. Créé à Aix en Provence l’an dernier, Written on skin de George Benjamin qui avait été salué par le public et la critique ouvre la saison en novembre, suivi du très peu joué Manfred de Schumann mis en scène par Georges Lavaudant tandis qu’en juin, le conte musical Robert le Cochon de Marc-Olivier Dupin devrait séduire petits et grands qui bénéficient de quantité de spectacles jeune public les week-ends et mercredis. Quant à comprendre ce que vous allez voir ou entendre, on ne saurait trop vous recommander d’arriver quarante minutes avant les représentations pour écouter l’introduction aux oeuvres faite par Agnès Terrier -un bonheur, gratuit et qui vous permettra en même temps d’être en avance…
LM