A en juger les spectateurs en quête désespérée de billets pour cette soirée de gala mercredi 6 mars-jour anniversaire à deux mois près de sa naissance- la cote de popularité de celui qui fut directeur de la danse à l’Opéra de Paris de 1983 à 1989 n’a guère faibli. Nombreux de ceux qui avaient dansé à ses côtés étaient d’ailleurs présents à Garnier, ainsi que la Ministre de la culture,Aurelie Filipetti qui ne quitta pas son sac à main ou le nouveau dirceteur de la danse de l’Opéra de Paris, Benjamin Millepied- sans sa femme Natalie Portman- pour célébrer sa mémoire à l’image d’Elisabeth Platel, directrice de l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris, Laurent Hilaire ou encore Charles Jude, directeur du ballet de Bordeaux.
Sur les notes du Lac des cygnes de Tchaïkovski, la soirée s’ouvrit sur les photos des rôles qui ont assis la légende du danseur russe mort à 54 ans et qui choisit de passer à l’Ouest en 1961, avant de laisser place à ceux qui maintiennent vivant son héritage sur la première scène de France. Ainsi Nicolas Le Riche, qui fera ses adieux l’année prochaine, admirable de tendresse comme d’assurance dans Roméo et Juliette, l’une des treize chorégraphies de ce danseur charismatique et fantasque, avec ce pas de deux de la rencontre nocturne avec sa bien aimée, jouée par Laetitia Pujol, sur la musique de Prokoviev. Puis, Aurélie Dupont -autre « ancienne »- illumina le célébrissime Adage à la rose de La Belle au bois dormant, ballet qui reviendra en décembre prochain après une curieuse absence à l’affiche d’une dizaine d’années, avant la variation de Raymonda, balayée avec poésie par Isabelle Ciaravola.
Aucune des productions phares que Noureev a léguées à l’Opéra de Paris ne manque à l’appel de ce florilège de « tubes » de son répertoire chorégraphique, patronnés par les grands pourvoyeurs de musiques de ballet – Tchaïkovski, Prokofiev et Minkus – jusqu’à ce Manfred, curiosité oubliée, dansé symboliquement par la relève, Mathias Heymann, qui vient tout juste de remettre les chaussons après plus d’un an d’immobilisation. Mais le mot de la fin revient à La Bayadère, sa dernière chorégraphie, dont on a tiré les meilleures scènes du dernier acte dit « des Ombres ». Ceux qui étaient dans la salle ne peuvent se souvenir sans émotion de l’ultime apparition publique d’un Noureev affaibli à la fin de la première, le 8 octobre 1992 et de la standing ovation que le public lui fit. En final, c’est Agnès Letestu, tirant elle aussi sa révérence à l’automne prochain, qui, dans La Dame aux camélias laissa l’impression diffuse que, décidément, une page se tourne à l’Opéra de Paris…
GC