Au bonheur du spectateur

Au bonheur des dames– sans doute la mercerie de Jocelyne à Arras aurait-elle mérité elle aussi le nom du grand magasin immortalisé par Zola. Grégoire Delacourt, avec ce personnage de femme ô combien attachante, a gagné le gros lot l’an dernier en vendant près de 450 000 exemplaires de La liste de mes envies. Et le spectateur aussi, s’il se rend dans la ravissante salle de Mademoiselle Lelouch, avenue Junot, qui a si justement fait confiance à Michaël Chirinian pour jouer tous les personnages du roman; Jocelyne qui aime sa vie comme elle est, son mari Jocelyn-vingt et un ans de vie commune qui rêve d’une Porsche Cayenne et l’intégrale de James Bond, ses amies jumelles, son père et la psychologue de la Française des jeux . Une chance sur soixante seize millions de gagner le gros lot-« une grande chance et un grand malheur », avec  pour ces millions de gens « grâce à une mise de deux euros pouvoir rêver à la vie qu’ils auraient s’ils pouvaient tout changer ». Avec son sens de la formule en bon publicitaire qu’il est « ce qui parle du passé, ce n’est pas forcement dépassé« , Grégoire Delacourt a réussi à créer des personnages qui tantôt vous émeuvent quand ils doivent faire le deuil d’une mère ou d’un enfant mort-né « l’argent ne répare rien », « les femmes sont toujours seules dans le mal des hommes », tantôt vous amusent comme ces jumelles représentées par deux fleurs. « Vous n’êtes pas une femme » avait-il dit au début du projet à ce comédien formidable, lequel lui avait répondu: » Vous non plus ». A le voir sur scène et les applaudissements de la salle pleine à craquer, on voit à quel point le pari est aujourd’hui gagné, notamment grâce à la très jolie mise en scène d’Anne Bouvier. Avec à la clé, la meilleure façon en allant voir cette pièce de découvrir « qu’être riche, c’est avoir l’arrogance de croire que l’on peut tout changer ». A méditer en cette période de crise…

LM

La liste de mes envies au Ciné 13 théâtre avec des petits prix allant de 13 à 26 euros

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