Il est fréquent que l’Opéra soit avant tout un bonheur musical et que le plateau laisse à désirer. L’opéra de Paris parvient année après année à offrir des décors et costumes qui, s’ils font l’objet de polémiques, ne sont jamais remis en question quant à leur créativité et qualité. Autant dire qu’avec la reprise de cette soirée Zemlinsky/Ravel à l’Opéra Garnier- qui est déjà en lui-même un poème-vous en aurez plein les yeux tant les décors et costumes des anglais Richard Jones et Antony Mac Donald sont époustouflants. Quelle merveille que ces tableaux, ces lumières, ces jupes-panier des servantes rappelant les toiles de Claude Viallat avec une référence appuyée au tableau Las Meninas de Velasquez! Sous un somptueux ventilateur très « Lalanne », le Nain de Zleminski prend vie sous la forme d’un automate collé au corps de Charles Workman, exceptionnel ténor, qui face à l’ infante se meurt d’amour. L’ histoire finira mal contrairement à L’enfant et les sortilèges de Ravel sur un livret de Colette qui offre un spectacle absolument sublime, bourré de créativité comme cette femme coupée en deux pour figurer la page déchirée ou ce tableau d’écoliers assis en rang à leur pupitre-visuellement à couper le souffle. Voilà de quoi satisfaire la salle bondée et quelques enfants privilégiés qui ont pu découvrir, avec ce spectacle sur un enfant pas sage, la plus belle entrée en la matière avec l’opéra qui soit…
LM
Le Nain/ l’enfant et les sortilèges à l’Opéra Garnier jusqu au 13 février