Le Prix d’Amérique a été assurément éclipsé ce week-end par le Vendée Globe. D’autant que l’archi favori, Ready Cash sur le point d’égaler le crack Ourasi récemment monté au paradis des chevaux, a été battu par Royal Dream mené par son driver, Jean Philippe Dubois. Ce dimanche, à l’hippodrome de Vincennes, c’était la fête avec le public populaire du trot, si différent du galop. Alors bien sûr, un propriétaire reste un propriétaire-en costume avec Madame en escarpins-mais quelle joyeuse bonne humeur, quelle générosité et ferveur qu’ici comparée au chic glacial du galop. 15 heures 20, la garde républicaine défile en fanfare, une caméra montée sur un filin pour balayer la tribune bondée semble toute droite sortie d’un film de science fiction, tandis que dans le restaurant panoramique, les propriétaires tapent dans les mains à l’invitation du speaker. « On se croirait dans un match de foot » commente l’un d’eux tandis que certains arborent des écharpes de supporter aux couleurs de leur cheval. Un faux départ et la course est lancée, « Ready cash est troisième » observe mon voisin , « il est là où il faut ». 2 000 mètres plus tard, le million d’euros lui échappe, dépassé dans la ligne droite par Royal Dream. « Et Quoumba, on l’a jamais vu! », « Et celui-là, tu l’as joué? » -Ah oui, ça fait deux mois que je ne voyais que lui! ». Les caméras entourent le gagnant sur le sable noir de Vincennes, autour d’un cheval « qui a bien pris le mors » commente modestement son driver. Dans les écuries, on s’affaire déjà pour la prochaine course, avec les drivers qui reviennent le visage noir de sable projeté comme s’ils remontaient de la mine…
Le petit prince et le Poulidor des mers
A la même heure, à des centaines de kilomètres de là, François Gabart, le « petit prince des mers » passait la ligne d’arrivée sur sa « luge des mers ». il est beau, il est jeune et a battu le record détenu par Michel Desjoyaux en bouclant son tour du monde-40 000 km- en solitaire et sans assistance en 78 jours. Ingénieur, mention très bien au Bac, sportif de haut niveau, déjà champion dans son petit optimiste, François Gabart a réussi un exploit, « héros des temps de paix » comme le dit si justement Boris Cyrulnick, confronté à lui-même et aux éléments près de trois mois durant. « La course aurait été très différente si Armel n’avait pas été là ». Ces deux-là ont en effet réussi à même tirer des bords l’un à côté de l’autre, menant la course en tête à un train d’enfer. Le Cléach’ finit une fois encore second, Poulidor des mers… Reste que son arrivée entre chien et loup, entourée de vedettes et filmée en direct fut un vrai beau moment d’émotion. Ce dimanche soir, les deux navigateurs ont prévu de dîner ensemble, avec un hamburger frites et un moelleux au chocolat au menu… Après bon vent, on leur souhaite bon appétit.