Un Roméo et Juliette gay

William Christie est de ceux, avec Vincent Dumestre, Marc Minkowski ou encore Emmanuelle Haïm, à rayonner sur la musique baroque avec force violes de gambe, bassons, violones, théorbes et autres instruments hérités du XVIIème siècle. C’est avec sa formation, les Arts florissants-nom d’une pastorale créée par Marc-Antoine Charpentier- qu’il propose cette tragédie biblique du même compositeur, créée en 1688 pour la fête de fin d’année du collège Louis Le Grand. David et Jonathas, dont la partition fut conservée par le bibliothécaire de Louis XIV est une histoire d’amitié entre deux hommes, mise à mal par le destin, avec en filigrane l’homosexualité, ce qui est pour moins en résonance avec l’actualité…La mise en scène minimaliste d’Andreas Homoki avec un décor tapissé de pin concourt à l’impression de modernité avec « l’humain qui l’emporte sur le sacré »souligne le célèbre chef d’orchestre. Jonathas, rôle demandant une tessiture de castrat est tenu par Ana Quintans, soprano au solide répertoire baroque, terriblement touchante face à  Pascal Charbonneau, que l’on a pu voir l’an dernier dans  Orlando Palatino au Châtelet, à la vocalité ardente. « J’ai perdu ce que j’aime, pour moi tout est perdu », ainsi David pleure-t’il son « Roméo » mort avant que l’on se réjouisse de son avènement comme roi-un roi inconsolable…

LM

David et Jonathas de Marc-Antoine Charpentier à l‘Opéra Comique jusqu’au 24 janvier 2013- 20 heures

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