10 décembre 2012
Fantaisie et fou rire avec Offenbach

Il n’y a pas que La Vie Parisienne ou La Belle Hélène…Offenbach a écrit une myriade de fantaisies lyriques en un acte, aux titres aussi farfelus que Mam’zelle Moucheron ou Tarte à la crème. Ce répertoire oublié, Les Brigands – autre titre du grand Jacques soit dit en passant – s’en fait un cheval  de bataille depuis plusieurs années. Pour notre plus grand plaisir.. A l’image de Croquefer ou le derniers des paladins est une farce mettant en scène la rivalité entre Mousse-à-mort et Croquefer sur fond de moyen-âge plein d’anachronismes comme le  bouffe sait si bien le faire.

Burlesque et parodique

La parodie se moque sans cesse des codes de l’opéra – la scène de l’empoisonnement où chaque camp complote la perte de l’autre est un sommet. Jean-Philippe Salério ne lésine pas sur les effets, tutoyant le boulevard dans son décor format mouchoir de poche se réverbérant sous un immense miroir. Vêtus de haillons de pirates, les personnages se redressent dans leur reflet quand ils se couchent. La ficelle est grosse parfois, mais, parfaitement graissée, fait tourner sans répit les rouages du burlesque.
Une fois pliés en deux, c’est en quatre que l’on finit avec l’Ile de Tulipatan, bouffonnerie où le fils du roi est une fille dont le grand maréchal avait travesti le genre pour complaire à son souverain en peine d’héritier mâle, et la fille du maréchal un fils que sa mère a voulu protéger de la conscription alors que les guerres faisaient rage. Evidemment la fille est un garçon manqué et le garçon une nature timide et fragile. Tout finira par rentrer dans l’ordre au son de la barcarolle de Cacatois XXII, après valses de déguisements et de quiproquos. Ici l’artillerie théâtrale joue à égalité avec la musique.
Réduites à neuf musiciens par Thibault Perrine, l’arrangeur attitré de la compagnie, les partitions expriment une vigueur et une fraîcheur qui ne fait pas peur à Christophe Grapperon, le chef de la soirée. Les cinq chanteurs de la troupe s’en donnent à cœur, nous aussi. Une bonne cure de jouvence pour bien commencer l’année.

GC

Croquefer/Tulipatan, Théâtre de l’Athénée, jusqu’au 13 décembre 2012

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