Quatre hommes à une partie de chasse. L’un d’entre eux, Tristan, le plus jeune, se sent loin de cet univers pour le moins rustique. Il est d’un naturel sensible, réservé et n’a absolument pas l’instinct de tuer, contrairement aux autres chasseurs. C’est un garçon qui jusque là en retrait, cherche simplement à s’intégrer à un groupe. Sur son chemin, il croise un lapin qu’il ne fait que blesser. Une relation privilégiée s’installe entre l’homme et l’animal. Le lapin qui va se mettre à parler « considère cette rencontre comme un miracle ». Mais alors que la chasse suit son cours, survient une violente tempête qui balaie tout sur son passage, instaurant un véritable chaos : « Un fracas sourd (…) grondement paresseux d’un dragon réveillé, fait trembler la terre ». Pour Tristan, ce cataclysme lui « permettra » de se remémorer de nombreux souvenirs du passé difficile qu’il a vécu, entre une mère dépendante de la drogue et un père absent. Ce sera ainsi l’occasion pour lui de s’en « délivrer » et de se construire en tant qu’homme.
Agnès Desarthe aborde dans son dernier ouvrage, avec une grande subtilité, la question du libre-arbitre mais aussi le deuil de la jeunesse. Tristan, confronté à ce déluge et grâce à l’enseignement du lapin, remet en question sa condition humaine et ce qui le différencie de l’animal : « Nous seuls avons le pouvoir d’agir contre notre bien (…) c’est en nous dirigeant vers notre perte, que nous accédons à un bien suprême (…) ».
Par Elise David
Une partie de chasse de Agnès Desarthe aux Editions de l’Olivier-16 euros 50