Il est rare qu’un femme réalisatrice donne un rôle aussi fort à un homme que celui offert par Sandrine Bonnaire à son ancien compagnon William Hurt. J’enrage de son absence est l’histoire d’un deuil impossible, celui d’un enfant. Cette phrase qu’il prononce dans les bras de son ex femme-Mado, très juste Alexandra Lamy- est un beau titre mais dans les faits, son personnage va sombrer peu à peu-sans révolte. Venu régler l’importante succession de son père, après dix ans d’absence, reparti vivre après le drame dans son pays d’origine, les Etats Unis, il retrouve celle qui fut la mère de leur fils, remariée et à nouveau mère. Encore un fils dont il va peu à peu vouloir faire le sien, comme de substitution. Pour cela, il hantera la cave de l’immeuble du couple, caché, forcément inquiétant. Avec peu de dialogues, Sandrine Bonnaire construit habilement un huis clos où l’on voit un homme en perdition; un beau film tout en retenu et en atmosphère qui n’a de violent que cette souffrance immonde et obscène d’un père qui ne parvient pas à se remettre. William Hurt est prodigieux et fait là un magnifique cadeau pour ce premier film noir mais diablement maitrisé.
LM