28 octobre 2011
The Moscouer-La tsar Académie

1700 invités triés sur le volet, des ministres, des ambassadeurs étrangers bien sûr mais aussi et même surtout le tout-Moscou qui compte : celui des oligarques milliardaires accompagnés de jeunes beautés perchées sur des talons vertigineux.
Si l’on en juge par les tenues, le faste, la mise en lumière extérieure du Bolchoï, ce fut une soirée réussie. Après six ans de travaux, le temple historique de la danse et de l’art lyrique a retrouvé la vie.
Pour les Russes, le Bolchoï est plus qu’un théâtre, un objet de fierté. « Il prouve le génie artistique russe » dira Dimitri Medvedev dans son discours d’ouverture.
A vrai dire, la rénovation du Bolchoï donne une image assez fidèle de la Russie d’aujourd’hui.
Corruption, scandales, devis initial de 300 millions d’euros multiplié par 2, trois ans de retard dans la livraison ; tous les maux endémiques du pays sont là…
Mais le résultat est superbe, l’acoustique est parfaite, le soin accordé aux dorures, aux statues, à l’immense rideau en fil d’or fait déjà de ce théâtre le plus luxueux de la planète.
Il reste à espérer maintenant que la programmation soit à la hauteur du lieu.
Avec 250 danseurs, la compagnie du Bolchoï rassemble quelques uns des plus grands talents de la planète. La prestation d’Ivan Vassiliev dans le final de Don Quichotte confirme par exemple que ce danseur étoile de 22 ans a tout d’une future star mondiale.
La déception vient plutôt de la mise en scène paresseuse de cette soirée d’ouverture. Une succession de tableaux davantage conçus pour rendre hommage à ceux qui étaient sur scène que propice à générer le souffle des soirées historiques.
Et pourtant, le premier tableau fut original. Les chanteurs du chœur du Bolchoï habillés en ouvriers sur une scène encore encombrée de grues et d’échafaudages provoquèrent une réelle surprise mais ensuite il était difficile de trouver un fil conducteur à cette soirée où Nathalie Dessay représenta avec application la scène lyrique française.
Peu d’envolées donc, ce sera sans doute pour les prochaines semaines avec Casse-Noisette ou la Belle au Bois dormant…
La soirée s’est d’ailleurs achevée de manière assez révélatrice avec la présentation de toute la compagnie ; les oligarques ayant épuisé leur capacité de concentration ont applaudi poliment et se sont levés sans attendre un éventuel rappel. Du coup, le régisseur a rallumé la lumière et tout le monde est rentré, sans un regard pour le millier de vrais amateurs d’art qui ont suivi le spectacle dehors sur des écrans géants malgré la température proche de zéro.

par Vladimir Lavoix

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