Après les multitudes de couvertures magazine, Marion Cotillard avait de grandes chances de remporter le prix d’interprétation pour son rôle de « cul de jatte », les jambes dévorées par une orque avant que ce ne soit le coeur par un grand escogriffe qui va sans vraiment s’en donner la peine, lui redonner goût à la vie. Avec Audiard, les spectateurs cannois puis parisiens ont une fois encore été entrainés dans son univers ô combien âpre et rugueux, où l’on fait les poubelles du train pour nourrir son gosse de cinq ans qui s’en prend une s’il pleure trop. Les moignons de jambes sont montrés sans détour, les dents qui sautent sous les coups aussi, tout comme la vie de ces pauvres bougres qui récupèrent les produits périmés où ils travaillent puis se font virer à cause de ça. Car, le social transpire partout chez Audiard, l’époque y est montrée dans toute sa dureté et bien souvent sa laideur. Avec en moins d’une semaine 400 000 entrées, le cinéaste et la comédienne, ô combien filmée « brut », les cheveux filasse, le teint blafard semblent avoir réussi leur pari de film d’auteur qui marche. Pas sûr en revanche que le spectateur s’y retrouve avec ce cinéma réalisme qui est par moment vraiment pesant à regarder.
LM