A Bruxelles, samedi après midi, le tapis rouge était déroulé pour Steven Spielberg et sa productrice, Kathleen Kennedy. L’occasion de manifester leur joie d’avoir ramené Tintin chez lui, à Bruxelles sur cette place de Brouckere devant un public belge aussi enthousiaste qu’à une arrivée du Tour de France…près de 10 000 personnes. Les deux adolescents qui m’accompagnent depuis ce matin n’en reviennent toujours pas « Tu te rends compte, Spielberg ici à Bruxelles! On va être les premiers spectateurs au monde à voir son film, waouh! » Une ferveur partagée par les plus grands, presque dubitatifs: Bruxelles a tellement l’habitude de passer après Paris, Londres ou Berlin que cette avant-première est vraiment ressentie comme un cadeau, une bonne nouvelle dans ce pays fier de ses auteurs de BD…et puis mercredi 26 octobre, tous les reporters du monde entier vont revenir ici, à Bruxelles, pour l’anniversaire des 500 jours sans gouvernement, alors un peu de reconnaissance autre que pour des raisons politiques, venant de surcroit d’un réalisateur comme Spielberg, ça fait du bien…
Samedi, donc devant l’UGC de la place de Brouckère, c’était tout un peuple qui manifestait sa joie. Jamie Bell, l’interprète de Billy Elliot qui campe le personnage de Tintin marchait, bondissait entre deux autographes sur ce tapis rouge aux cotés d’un vieux monsieur un peu chauve mais très souriant et applaudi par tous- Jean Pierre Talbot, une gloire nationale depuis 50 ans, depuis » Tintin et le mystère de la toison d’or » sorti à l’écran en 1961. Les deux Tintins marchant côte à côte avec Spielberg, c’est sans doute cette image que le public belge retiendra avant d’interroger les quelques privilégiés qui ont pu pénétrer dans l’une des dix salles qui a projeté le film.
A la sortie, discours à peu près unanime des tintinophiles, amis d’ Hergé ou journalistes. « Non, Hergé n’est pas trahi, oui, le Tintin de Spielberg est bien conforme à l’original ». Hugues Dayez et Cathy Immelen, les Mr et Mme Cinéma de la RTBF pourtant très critiques en temps normal, avaient ainsi déjà donné le ton depuis quelques jours grâce à une projection de presse dévoilant le film la semaine passée.
La presse belge du lendemain en a parlé aussi de manière quasi unanime avec une litanie de commentaires positifs. « Certes, Tintin est devenu américain mais il continue de se promener dans les rues de Bruxelles, il n’a rien perdu de son charme et si le professeur Tournesol a disparu -pour le moment- son univers est bien là; le Capitaine, les Dupont et les voitures des années 30 continuent de rouler ici chez nous comme dans les albums de notre enfance » pouvait-on lire dans la Libre Belgique.
Bref, le Tintin de Spielberg semble ici reconnu par les siens, son identité est préservée par Spielberg qui l’a même fait renaître.
Pour autant, faut-il y aller ou pas mercredi et les jours suivants? Et céder à l’appel des multinationales friandes d’acculturation et de merchandising ?
Réponse : oui, bien sûr, et plûtot deux fois qu’une… Pourquoi en effet se priver d’un réel plaisir qui réconcilie les joies de l’enfance et la technologie de « performance capture » déjà utilisée avec talent par James Cameron pour Avatar?
Tintin crève l’écran…au sens propre du mot. Tout au long du film, on a l’impression, non pas d’être assis sur son siège au cinéma, mais vraiment à ses cotés avec le chien Milou, le Capitaine Haddock et tous les autres avec cette impression pendant deux heures de vivre plus que la vraie vie.