Dans la course aux voix, les jeunes et les retraités sont un vivier. Alors Sarkozy promet aux seniors de recevoir leur retraite désormais le 1er du mois-il a eu l’occasion de le faire pendant cinq ans, non? -et tout comme François Bayrou et François Hollande, promet de raser quasi gratis pour le permis de conduire. Mais sur le vrai scandale sanitaire actuel, rien. Tous sont allés se promener dans les allées du salon de l’Agriculture sans réaliser apparemment qu’ils y rencontraient des gens empoisonnés et qui nous empoisonnent, malgré eux, à leur tour. France 2 diffuse dans InfraRouge le 17 avril, malheureusement à 23 heures, un documentaire accablant de Eric Guéret, » La mort est dans le pré ». C’est Caroline, veuve d’un agriculteur mort d’un cancer à 37 ans qui raconte. « La vérité, c’est que les agriculteurs sont en train de mourir. » On le comprend sans peine, témoin malheureux et victime, elle ne tournera pas autour du pot. Ce pot de terre contre le pot de fer. Des hommes, des femmes contre Monsanto, ses avocats et sa totale impunité vis à vis des pouvoirs publics. « Je pense qu’en soulevant la merde, on changera les choses ». Pas facile pourtant de mettre en cause tout un système hérité des années 5o, date où l’on a mis en place l’agriculture intensive avec la bénédiction de l’Etat. Et mis à terre comme en Inde où des milliers de fermiers endettés se sont suicidés, des millénaires de pratiques respectueuses et pleine de bon sens. Résultat, aujourd’hui, les agriculteurs doivent tout réapprendre et avoir honte de le faire; car, voilà bien le drame dans cette profession où l’on est taiseux par nature. Le « qu’en dira-t’on », la remise en cause de tout un système, rare sont ceux qui portent plainte avant de mourir empoisonnés, sachant de toutes les façons que leur démarche a peu de chances d’aboutir. « Les médecins refusent même de faire les dossiers désormais; six mois de paperasse pour rien, tous savent que la mutuelle sociale agricole refusera de reconnaitre que c’est une maladie professionnelle. » Alors, même si chez les agriculteurs, les cancers de la vessie sont légion comme pour ce père de deux enfants de 5 ans qu’il ne verra jamais grandir, bientôt plus coutumier des couloirs d’hôpitaux que de ses champs, les pouvoirs publics se serrent les coudes et personne ne veut payer. Même ces groupes richissimes, 10 000 milliards de chiffre d’affaire en 2010 pour Monsanto.
Nous sommes tous en danger
Début d’un changement, ce groupe a pourtant été condamné le 13février dernier par le Tribunal de Lyon suite à la plainte courageuse de Paul François, un agriculteur empoisonné par le Lasso. « Monsanto savait très bien que c’était dangereux mais n’a rien dit ». Aujourd’hui, l’hypocrisie règne avec la recommandation du port de gants-impossible à porter en conduisant et à empêcher la contagion. Et chacun cherche à sauver sa peau, la mutuelle qui voit ses revenus baisser et donc ne peut indemniser, l’agriculteur au sens propre du terme et les actionnaires, leurs dividendes, finançant eux mêmes les commissions chargées de les mettre en cause! Mais le scandale absolu, dans tout cela, et c’est là où vous lecteur, vous allez arrêter seulement de vous dire « pauvres agriculteurs », c’est que ces hommes et femmes malades travaillent aujourd’hui « pour faire mourir« . Qu’ils n’osent même plus consommer eux-mêmes aujourd’hui ce qu’ils produisent et ce que nous, consommateurs, achetons. Car, que croyez-vous qu’il advient de toutes ces substances balancées sur les vignes, les fruits et les légumes? Qui tuent les crapauds, lézards et toute petites bêtes ayant le malheur de passer par là? Malheur que vous partagerez en mangeant ces produits traités, donnant raison à ce résumé, ô combien cynique mais vrai, des époux Bourguignon (voir article) que l’on pouvait entendre dans l’excellent documentaire « Solutions locales pour un désordre global » de Coline Serrault. « Avant on disait bon appétit. Maintenant, il faudra dire bonne chance ».
Par Laetitia Monsacré
Diffusé mardi 17 avril sur France 2-La mort est dans le pré-23 heures