La salle est pleine, comme bien souvent au Théâtre de la Colline; les abonnements, plus Emanuelle Béart- audience assurée. Le metteur en scène, Stanislas Nordey la retrouve après les très beaux « Justes » de Camus sur la scène de ce théâtre à la programmation inventive et variée, pour « Se Trouver », une pièce âpre du dramaturge italien Luigi Pirandello, écrite en 1932 pour son actrice fétiche, mais qui ne la joua jamais. L’histoire tourne autour d’une comédienne, « qui vit sur scène et joue dans la vie » , vêtue de vert-la couleur qui porte malheur sur scène- et des ravages que peut faire le regard des autres sur elle. Béart est là, fragile et forte à la fois-vivante plus que tous les autres dans sa carapace d’étoffes puis dans une simple combinaison pour donner chair à cette femme qui brûle. « Je crois à l’acharnement ». Ainsi porte- t’elle tout du long cette pièce qui s’inspire de » La dame de la mer » d’Ibsen, jouée quasi en même temps aux Bouffes du Nord, avec la chanteuse Camille tout de rouge vêtue dans le rôle d’Ellida. Deux femmes qui doivent renoncer à leur essence, « abandonner (leur) vie comme ça, comme si elle ne (leur ) avait rien couté », pour vivre leur passion avec un homme. Les comédiens sont là, souvent en rang comme dans le théâtre antique, face au public, pour déclamer leur texte; il reste ainsi peu de place à la fraicheur ou la passion. Et les décors magnifiques comme ce hall Art Déco, peinent à occuper l’espace de ce qui devrait être une pièce intimiste. De là nait l’impression de comédiens qui semblent avant tout « se chercher ». Alors, même « s’il faut se trouver dans la vie comme cela, sans chercher », pas sûr que cela soit possible pour le public qui rit de temps en temps comme s’il voulait tromper son ennui, malgré la générosité évidente de la troupe, Emanuelle Béart en tête.
LM
Se trouver-Théâtre de la Colline jusqu’au 14 avril