Eté 76. « Un parfum de folie flottait sur le village dont tout le monde allait se souvenir ». Philippe Lellouche raconte à travers son premier long métrage « Nos plus belles vacances » ses souvenirs d’enfants. Et ce, sans prétention. Le trajet en voiture pour prendre la route vers la liberté- ponctué des jérémiades des petits qui ont mal cœur à cause de l’odeur du parfum de leur mère ou de la fumé du tabac de leur père- « la maison de plouc » à la campagne, la chaleur du soleil d’un mois d’août. On se souvient presque de nos 10 ans, installé sur la banquette arrière de la voiture familiale, sentant presque l’arôme des fleurs des champs et du foin coupé. « C’était la chanson du bonheur, d’un vieil amant compositeur » ressasse la mélodie de Michel Sardou. Dans le village du Rocher Abraham – « quelle idée d’un nom pareil en Bretagne, dont personne n’est capable d’expliquer l’origine »– les parents, Claude –interprété par Philippe Lellouche de façon touchante- et Isabelle –Julie Gayet resplendissante – sont rejoints par deux couples d’amis. Un petit air du « Cœur des hommes » revient avec le jeu de Gérard Darmon, dans le rôle de l’ami confident, une fois encore. Et puis, arrivent les ennuis d’adultes que l’on essaye de mettre de côté le temps des vacances. L’infidélité d’un mari qui a oublié « que la liberté, c’est aussi savoir dire non », l’impossibilité pour une femme de donner la vie et les vieilles rancœurs face à une « mamie » qui est tombée amoureuse d’un « boch » durant la guerre. La petite morale reste un peu naïve, mais appréciable.
En pattes d’eph
Cette année-là, France Gall épouse Michel Berger et Claude François connaît le succès. Emporté par la nostalgie d’une époque avec ses pattes d’eph’ et ses tubes, on suit les émois de ces personnages à travers lesquels l’on retrouve un peu de nous. Des sentiments que l’on a tous vécus enfant puis adulte. On est aussi amusé par la façon dont se mélange ce petit monde. Avec un père – celui de Philippe Lellouche- juif pied-noir d’Algérie, une mère bretonne et des habitants qui parlent tous avec un accent rocailleux et ne sont jamais sortis de chez eux. Philippe Lellouche signe un premier film autobiographique -peut être un peu trop « gentil »- mais où le regard de ces deux petits garçons reste universel. N’est-ce pas Marcel Pagnol qui racontait qu’«on ne guérit jamais de l’enfance» ?
Par Sarah Vernhes