Il voulait être le premier, à defaut d’être le seul. Grand favori des votes chez les paysans – 40% – Nicolas Sarkozy est arrivé avec une heure d’avance samedi, à l’heure de la traite, renouant avec cette France qui se lève tôt après que son chauffeur soit passé le prendre dans l’hôtel particulier de son épouse, Carla Bruni, villa Montmorency. Visite du candidat ou du président? Élément de réponse quant à la procédure pour avoir une accréditation, son staff de campagne ne s’encombrant même pas d’une quelconque hypocrisie. « Voyez avec l ‘Elysée! ». Ouverture donc à neuf heures de la plus grande ferme de France, salon préféré des français. Des bêtes et ceux qui les élèvent, désormais à peine 4% de la population active, pour à l ‘ arrivée ce qui ressemble plus en plus à un « musée » gastronomique éphémère. Voilà donc le président-candidat pour un marathon de trois heures- se moquant au passage des dix heures de visite annoncée par François Hollande-dans une compétition néanmoins perdue d’avance avec son prédécesseur, à l’ Elysée, Jacques Chirac- lui qui n’aime ni le vin ni le fromage. Du coup, Sarkozy passe à la va-vite sur chaque stand, entouré d’une nuée de cameras. Un premier cercle, d’ officiels et de journalistes badgés, l’entoure pour recueillir petites phrases et plans les plus pittoresques, « au cul de la vache ». Puis, un rang de gorilles et dans le second cercle, les quidam. Certains crient au loin pour lui poser des questions, d ‘autres jouent des coudes, avec leur téléphone portable et leur Iphone. « Il est tout petit ! » commente une petite fille juchée sur les épaules de son père. « Chirac, lui était plus accessible. » ajoute une provinciale accompagnée de son mari. Un paysan ironise qu ‘il se contenterait bien « d’ un quart de son salaire », puis se console avec les amuses-bouches proposés sur les stands. Une autre femme montre à son fils la photo qu’elle a prise du président, s’exclamant « je l’ai eu ! « . De fait, les gens cherchent plutôt à voir de leurs propres yeux l’homme « vu à la télévision » qu’autre chose. De quoi apporter un peu de célébrité à un sosie du Président, qui arpente lui aussi les allées du salon. Le Président le vrai, lui, continue sa route sans perdre de temps et finit par disparaître comme par enchantement.