10 février 2012
La dame de pouvoir

Elle est partout; sur les bus, les affiches et dans le petit écran. Maggie et son brushing impeccable sont à retrouver sur Histoire, pour une fiction où Lindsay Duncan, une habituée des fictions TV, prête ses traits à la dame de fer dans  « La dernière bataille », ou comment cette femme au caractère ferme et audacieux a tenté jusqu’au bout de diriger le parti conservateur-dont elle était à la tête depuis 1975- tout en gérant le pays. Très convaincante dans son rôle de leader, l’actrice offre un visage froid et impassible à « la dame de fer ». Si la réputation de Margaret Thatcher n’est plus à faire –elle a marqué l’histoire politique de l’Angleterre par sa fermeté face aux grèves des mineurs de 1984-85, et son inflexibilité dans la guerre des Malouines- le film dresse le portrait réussi d’une femme portée par ses convictions, seule dans un monde d’hommes sans pitié. Alors que croît un certain désaveu pour le  Premier Ministre, Margaret Thatcher se bat pour conserver la loyauté et le soutien de son parti. Nous sommes plongés au cœur de l’univers cruel de la politique et des manigances dont Thatcher n’est pas épargnée. Rythmé par sa course à la réélection en tant que présidente du Parti Conservateur, le film dépeint les mesquineries et les complots qui font le jeu de la politique. Intraitable, Margaret Thatcher écrase quiconque se dresse sur son passage. Elle renvoie dans les cordes d’une simple phrase les ministres en désaccord avec elle, balaye d’un geste de la main les conseils qu’on lui donne, sourit froidement face aux critiques. Avec ou contre elle, c’est ainsi qu’elle fonctionne.

Par moment, cette vision d’une femme sans cœur est nuancée et nous attendrit sur le destin de la politicienne sans scrupule. Quelques séquences auprès de son mari, Denis, laissent entrevoir ses peurs et  doutes; des larmes de colère face au désaveu de son propre camp à ses confidences sur son enfance -son père l’a éduqué comme le garçon qu’il souhaitait avoir- en passant par ses coups de fatigue qui ne l’arrête pas pour autant. Elle reste avant tout une femme qui fait le choix d’être ministre avant d’être mère, de faire « le sale boulot de l’homme ». C’est « la loi de la jungle » se remémore-t-elle souvent, comme pour ne pas perdre de vue dans quel « monde bizarre » elle vit. Après onze années passées au pouvoir, son échec face à la désunion de son parti constitue une défaite amère pour cette femme qui  est « la seule capable de diriger le pays ». Unique femme à avoir occupé le poste de Premier Ministre en Angleterre, Margaret Thatcher reste également celle qui a brigué le plus longtemps cette fonction.  « En politique si vous voulez des discours demandez à un homme, si vous voulez des actes demandez à une femme » expliquait la dame de fer. Une chose qu’on ne peut lui enlever était cette volonté d’agir, parfaitement retracée dans le film. On en oublierait presque, le temps de cette fiction, les conséquences dévastatrices du thatchérisme.

 

 

Par Sarah Vernhes

Margaret Thatcher, « la dernière bataille » diffusé sur la chaîne Histoire le 14 février à 20h35

Bande annonce

Articles similaires