« Malheur à celui qui par le scandale arrive. Luc, 17,1 ». Rappelez-vous, en 2010 Sihem Souid publiait son livre « Omerta dans la police » – produisant un scandale au sein de l’administration française et sa suspension immédiate. Son histoire, édifiante, est aujourd’hui devenu un documentaire « Une flic Insoumise » à découvrir sur France 2. A l’heure où les reportages font souvent la part belle au travail difficile des policiers face à la délinquance ou aux problèmes d’immigrations, celui-ci dépeint une toute autre réalité. L’envers d’un décor, où le racisme et les abus de pouvoirs rythment le quotidien de certains policiers, sujets tabous par excellence. Son tort ? Avoir dénoncé les propos racistes qu’elle subissait au sein de son service à Orly de la PAF ( police aux Frontières) mais également avoir pointé du doigt des dérives aberrantes dans le contrôle et le renvoi des personnes en situation irrégulière.
Son témoignage face caméra s’entrecoupe d’interviews télévisées comme ceux d’ Henri Guaino gêné, ou bien Denis Jacob, du Syndicat de Police Nationale Alliance, qui s’irrite de la réputation que cette jeune femme se permet de faire à la police. Mais si elle a été entendue dans les médias, sa situation n’a pas changé -elle est toujours suspendue- son avocate soulignant qu’elle « est trop dérangeante ». En révélant l’affaire au grand jour, Sihem Souid est devenue l’ennemie publique numéro un de la police. Chaque déclaration, chaque argument, chaque document officiel qu’elle a révélés sont ainsi la preuve criante d’un racisme banalisé et surtout, impuni, dans son unité mais également, on le découvre au fil des témoignages, au sein de la plupart des unités de la police. « Même s’il reste une minorité -de racistes- ils sont intouchables ». Pour seule sanction ? Une mutation ou un départ à la retraite anticipé. L’impunité des policiers en devient troublante tant elle est visible tandis que cette femme « qui ne supporte pas les injustices » met en avant à travers son histoire le vrai problème: celle d’une politique du chiffre. Les fameux quotas. « Nous envisageons 25 000 reconduites à la frontière pour 2007 » avait annoncé Nicolas Sarkozy en conférence, chiffre qui a été dépassé par Claude Guéant. Une volonté affichée qui s’est traduite par une course à la prime pour les policiers aux frontières. « Celui qui a réalisé le plus d’expulsions touche une prime au mérite pouvant aller de 200 à 600 euros » explique Sihem Souid. Et les dérives qui s’en suivent. Des « vrais » fausses « expulsions sont créés » – preuves juridiques à l’appui-, avec des abus de pouvoir à la pelle.
« Le linge sale se lave en famille ». Désormais considérée comme une traître, l’ancienne flic poursuit son combat avec l’objectif de retrouver les valeurs d’une police qu’elle admirait. Celle qui portait la devise républicaine : Liberté, égalité, fraternité. Du travail en perpective…
Par Sarah Vernhes
Documentaire diffusé le mardi 7 février à 22h50 sur France 2 dans l’émission Infrarouge.