L’affiche était alléchante: Stanislas Nordey, Emmanuelle Béart, tandem dont on gardait un souvenir ému dans Les justes de Camus à la Colline, cette fois au Théâtre du Rond Point dont la sélection est généralement des plus assurées. La salle Renault Barrault était d’ailleurs comble pour découvrir Eric Von Stroheim de Christophe Pellet, triangle amoureux entre une femme, Elle, jouée par Emmanuelle Béart, et deux hommes, l’un, Laurent Sauvage, et l’autre, Thomas Gonzales. Autant le dire tout de suite, d’Eric Von Stroheim, il n’est point question; un homme nu est sur un fauteuil, on comprend qu’il est, tout comme « l’un » l’amant d' »elle », une exécutive woman qui profite du « quart d’heure réglementaire » pour vouloir se faire faire un enfant. Problème, Emmanuelle Beart toute en rondeurs a la voix mal assurée dans ce rôle de femme castratrice qui est si loin d’elle, les dialogues sont d’une indigence rare- « Je vous aime, je m’endors »– au point que l’on regrette vite que le « Répond à ma tendresse », extrait diffusé toutes les dix minutes de l’opéra Samson et Dalida de Camille Saint Saens ne s’interrompe. Voilà qui donnait ainsi envie d’être à l’opéra ou ailleurs comme s’en sont convaincus les dizaines de spectateurs partis avant la fin.
LM
Eric von Stroheim, jusqu’au 21 mai au Théâtre du Rond Point